jeudi 18 janvier 2007
l'aurevoir à la fac
Tu sais, c'était presque un accident, je te jure
C'est sorti comme ça, pas besoin de discorde.
Les mots, tu sais, c'est comme de la confiture :
On en met tout partout, et parfois ça déborde.
Alors oui, c'est navrant, quand après tant d'années,
Hop, sans crier je viens gare ou au loup au feu,
Tout s'effondre sans mot tel sous terre un os creux.
Le présent a style rengainé le passé.
Donc oui, aujourd'hui dans ma bouche tu vécus
A l'imparfait. J'allais par tes escaliers sales
Quêtant sans trop guetter où tu cachais ma salle.
Ce serait comme hier, comme demain : sans plus.
Et puis non. J'ai poussé pourtant ta fière porte -
J'ai même salué tes gens de toutes sortes :
Les acharnés, le prof, les brebis, les branleurs.
Et l'évidence en moi a fondu mes erreurs.
Jamais, m'a-t-elle dit, jamais tu ne seras
ça. Tu deviendrais fou à parler dans le vide
A la foule muette aussi gaie qu'un trépas !
Non, non ! Fuis, cours, et loin ! Reste de tout avide !
Las je me suis assis, et je t'ai regardée
Comme une amante à qui l'on ne promettait rien
Et qui subitement réclame d'être aimée.
Le temps du jeu s'achève où naît celui du pain.
Bientôt, je partirai par les siphons étroits
D'un pays moribond où au creux des batailles
Je dessinerai seul les rivages canailles
Des mondes à venir où vivre en homme droit.
Je t'espérais plus noble et plus ouverte à tout,
Je te rêvais femelle assoiffée de savoirs,
Je te trouvais toujours plus fermée à genoux,
Je te trouvais toujours plus sèche sans mémoire.
Je t'inventais des noms, je te désirais comme
Un cadeau de nos jours : je t'ai trouvée banale.
Je pensais m'éveiller, je fis sept ans un somme.
Et tout maintenant pour travailler est bancale.
Donc merci, chère fac, pour ce si beau gâchis.
J'ai fini de geler, je quitte le glacis.
Et l'avenir sans joie me tend ses tentacules :
Au mieux le RMI. Pire : un pont à crapules.
Séb, Nancy, le 17 janvier 2007
source image : http://www.sharedsite.com/hlm-de-renaud/bibliotheque/etudiant/index_01_mots_de_renaud.htm
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2 commentaires:
Eh oui Séb, tu as mille fois raison !!
La fac est un bourbier et l'ANPE nous tend les bras !
A quand un politique ou un prof pour enfin oser le dire, simplement ?
Bravo ! Continue !
Sandra (fac de lettres)
Eh oui Sandra... à part l'ANPE et des années de galère avant de songer à notre indépendance, je ne vois pas ce que l'avenir après la fac de lettres nous réserve....
Mais bon, tant qu'on a, même acide, de l'air dans les poumons, hein...
Séb.
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