lundi 29 janvier 2007

textes pour Elle

Elle, c'est une illusion qui passe, et tout et tout, comme dit la chanson. Et celle qui ne lit sans doute jamais ce blog, à mes yeux, c'est aussi tout ça, et bien d'autres choses encore...


Et
si
tout
comme
Eluard
quémande
union
et
tocade
un
vocabulaire
édenté
unifiait
xylographiquement
ses
orgies
rétiniennes
toutes
indépendantes
rirait
avec
volupté

Elle

charmée
malgré
ouverte
interrogation


?


mais aussi, quand même Mona Lisa constitue une évidence :


tu sais c'est étrange
comment te dire
imagine un mystère
un voile que les dieux ou les anges
comme par jeu
mais un jeu sacré
auraient déposé secrètement
sur quelque objet ordinaire
voilà imagine un Graal
banal

et maintenant multiplie
le degré de
ces ténèbres exquises
par le nombre d’étoiles qui
sur les pentes parallèles des temps
ont brillé brillent et brilleront
sur chaque face de chaque grain
de sable

si tu visualises chère
âme
tout cela puissance les corps
passés présents et futurs
alors
peut-être
découvriras-tu
cachée démultipliée
une vague idée
terriblement humaine
du mystère du sourire

d’Elle

J'attends vos com's.

source image : www.dreaming-moon.com/.../3d/les-smileys/sourire.

Séb.

texte de Séb à partir de Nerval et Eluard

De l'origine des poètes et des muses, tout ça, tout ça...





















Lorsque je la vis plate et s
ublime
au coeur des t
rous noirs des temps
tout en moi chanta comme une obelisque
je riai à faire peur aux étoiles mes choses
et leurs jupes minuscules me saluèrent

car oui enfin je l'avais trouvée
cette bicoque de soie
où poser les pinceaux et dresser mes plans

elle était plate comme une limande
et souriante et jeune et éternelle
il fallut la regonfler la nourrir
vite elle devint cette orange bleue

les muses mes filles
déjà aimaient à s'y mirer
l'éclat des ondes promenait leurs sourires
que les ciels en landeaux suivaient en formation

sous les grottes en chantier
elles courraient nues et rebelles
et les lutins cabotins
au lieu de bosser ces feignasses
leur pinçaient les fesses
ils n'auraient d'autre boulot
que poètes ces escrocs croyez-moi !

puis un jour cette bicoque de glaise
devint jolie
je livrai clés en mains
à personne
hélas
tout un royaume

même la Lune en prit ombrage
ce vieil échec toujours grincheux

je rangeai mon arc et mes plans
dans mes nues secrètes

et seules les muses
insistèrent pour rester

j'abandonnai mes filles à leur
demeure
et les poètes à leurs
malheurs

depuis tout en moi chante et
ronronne quand j'écoute
sous la chandelle

leurs complaintes de saltimbanques

source image : http://www.educnet.education.fr/planeto/pedago/paysages/question%204%205%206.htm

Séb, 24/01/06

vendredi 26 janvier 2007

nouveau texte de Gotad

Voici ce que Nerval et Eluard ont inspiré à Gotad. Et à vous, ils vous inspireraient quoi ?


J’aime beaucoup, les samedis matins, me promener dans le marché aux fruits et légumes de la vieille ville d’1234. Chaque semaine j’y trouve un renouveau de fraîcheur, une explosion de couleurs, un épanouissement de parfums subtils et harmonieux… Sous mes yeux envoûtés s’étale, dans les cartons, bacs et cageots, une profusion de formes et de couleurs appétissantes, parfumées… vivifiantes !

Ce samedi-là, il se produisit une chose tout à fait incongrue, qui perturba mon plan de promenade bien rôdé. Alors que je passais devant l’étalage d’un marchand d’agrumes, un bac d’oranges mûres attira vivement mon attention ; ou plutôt… l’une de ces oranges, bien particulière. Je m’approchai d’un pas et plongeai mon regard dans cette sphère grumeleuse. Cette orange, cette simple orange m’hypnotisait littéralement : j’y vis bientôt la Terre, qui tournait lentement sur elle-même, au milieu de ses consœurs inertes.

« Bonjour Mam’zelle ! Qu’est-ce que ce sera ? »

L’orange terre grossit dans mon champ de vision, jusqu’à l’occuper entier. Je distinguais sous les nuages mouvants la forme des continents qui s’étendaient là, tels de sculpturales nymphes allongées dans des sofas sur mesure. J’approchai ma main et effleurai la surface de la planète. L’Atlantique se troubla au contact du bout de mes doigts : s’il eût été humain, on aurait dit qu’il rougissait. Je retirai ma main ; quelques nuages s’étaient accrochés à mes doigts comme pour les retenir, et y laissèrent une fine mousse blanche.

« Mais, mais… Mademoiselle, mais que faites-vous ?! Vous n’allez pas bien ?

– Vous dansez ? »

La voix du marchand, braillarde et grossière, faible et lointaine, fut couverte sans mal par celle de la planète, pleine, grave, vibrante, puissante. À l’entendre, il me sembla rajeunir de deux siècles. Charmée, je battis des paupières comme une écolière timide. Puis je retirai mes chaussures, pris le bras que me tendait la Terre, et entrai dans la valse sur les accords de Saturne et Neptune, depuis la scène qu’ils occupaient au fond.

« À la folle ! À la voleuse ! Elle me vole une orange et s’en va en dansant ! Rattrapez-la… »

GOTAD

Source image : www.rebeccabolte.com/gallery/Sample/orange.

10 minutes non stop !

Voici le texte écrit par Gotad, ce mercredi, sur le sujet : "Ecrivez 10 minutes sans vous arrêter à partir d'un mot", ici c'était "Connaissez"
Emilien vous invitant à poursuivre ce début d'histoire, vous pouvez envoyer vos propositions à: anoter54@yahoo.fr
A vous !

Connaissez-vous l’histoire du monstrueux, de l’énorme, de l’ineffable mangeur d’hommes ? Cet homme (car il en était un lui-même, quoi qu’on pût en dire) se plaisait à savourer les petits garçons tendres et les jeunes hommes vigoureux avec une pointe de moutarde ou différentes épices, pour varier les plaisirs. Dans sa cuisine on trouvait, pendus par les pieds à des courroies elles-mêmes accrochées au plafond, des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des gros et des chétifs, la bouche ouverte, les bras pendants, les yeux révulsés, les chevilles en sang. Il y en avait peut-être une centaine dans cette seule pièce, sans compter tous ceux qui sommeillaient tranquillement, en rang d’oignons, dans la chambre froide.

Lorsque, saisi d’une brusque fringale, le cher homme entrait dans sa cuisine pour se repaître, ses narines béantes étaient immédiatement inondées du parfum suave des chairs en putréfaction. Se pourléchant les babines et caquetant comme une oie, il avançait jusqu’à son plan de travail, s’emparait d’une cuisse ou d’un bras bien dodu et commençait à le découper, ou se lançait dans la confection d’un fromage de tête avec les abats, tout en fredonnant une chanson douce que lui chantait sa maman.


GOTAD

compte-rendu atelier du 24 janvier


Salut,

Parce que période intersemestrielle, parce que neige, parce que voyage, parce que tout ça, nous n'étions vraiment pas nombreux mais deux nouveaux nous ont rejoints. Coucou les nouveaux.

Deux exercices d'écriture aujourd'hui nous ont occupés :
1) écrire un texte en 10 minutes sans s'arrêter qui commence par le mot "Connaissez", pris au hasard dans un livre. Résultats surprenants tout bientôt mis en ligne !

2) écrire un texte (poétique) à partir de ces vers : "la Terre est bleue comme une orange." (Eluard) et "Or, chaque fois que je viens à l'entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit" (Nerval)

Textes égalements mis en ligne tout vite.

Et sinon le voyage à Paris commence à prendre forme. Mais pensez à vous manifester !
Séb.
sources images :
www.chez.com/flocoul/index.htm pour Nerval
et pour Eluard : www.ac-nice.fr/.../collage_moz/pauleluard.htm.

mardi 23 janvier 2007

Pour que demain encore (sur)vive la littérature

Dans le cadre de la coopération mise en place avec la Maison des
Ecrivains, la Fédération des maisons d'écrivain & des patrimoines littéraires
vous retransmet cet appel :

APPEL pour la sauvegarde de la littérature dans les programmes
scolaires

Cet Appel peut être signé sur le site de la Maison des écrivains :
www.maison-des-ecrivains.asso.fr.
Vous pouvez aussi le faire suivre.

Bien à vous,

Sylvie Gouttebaron
Directrice

Objet : TR: appel à diffuser

Etudes littéraires : une mort annoncée ?

Dans un contexte alarmant pour la littérature, de crise de la librairie
indépendante, de l’édition de création, à un moment où les œuvres
d’exigence peinent à trouver leurs lecteurs, un rapport de l’Inspection
Générale constate que la filière Littéraire de l’enseignement secondaire
est en voie d’extinction.

Même si, de manière dominante, la Littérature y a été instrumentalisée
pour privilégier l’enseignement du discours, c’est néanmoins la seule
filière de notre système scolaire où se transmet encore une culture
littéraire ; où la philosophie est vraiment présente ; où sont dispensés
les seuls enseignements spécifiques d’art : musique, arts plastiques,
cinéma, théâtre, danse et histoire des arts… Aucun ministre de l’Education
nationale ne s’est jusqu’ici avisé de requalifier cette filière.
Fatalité, ou volonté délibérée de la laisser disparaître ?

Dans l’état présent : quasi plus de littérature et civilisation en
langues étrangères. Pas de traduction, réputée impure, ou alors en
échantillon, en un temps où l’on se réclame de l’Europe à tous coins de rues !
Comment affronter le renouvellement générationnel et les exigences de
l’intégration, initier aux circulations métissées du monde en restant
étanche aux oeuvres de l’imagination et des idées venues d’ailleurs. En
fossilisant programmes et pédagogie de la littérature face aux mutations
des outils modernes. En laissant se dévaluer une formation
intellectuelle et artistique, indispensable dans tous les champs de l’activité
sociale.

Est-il encore temps de crier au scandale devant l’impéritie ?
D’affirmer que l’enfant, héritier légitime du patrimoine artistique et acteur
vivant de sa propre culture se nourrit autant aux œuvres de l’art et de
l’esprit qu’aux sciences réputées exactes et aux savoir-faire
techniques. Que la Littérature n’est pas une « discipline » parmi d’autres.

L’art littéraire est irréductible aux autres. Il est par essence
l’espace critique où la langue travaille, en pensée et en imaginaire, où
fermentent les réalités et les utopies, sans lesquelles aucune société
n’est viable. Face aux fanatismes, croyances irrationnelles et dérives
idéologiques qui feront le lit des horreurs de demain, la transmission du
capital intellectuel et artistique de la littérature est une affaire de
vie ou de mort.

La Maison des Ecrivains appelle la communauté des écrivains, les
critiques littéraires, avec eux tout ce que notre société compte d’artistes,
d’intellectuels, d’éducateurs et d’agents de la culture, de
professionnels du Livre, éditeurs, libraires et bibliothécaires, et les
responsables politiques à dénoncer le danger majeur de voir disparaître la
littérature de notre enseignement.

Premiers signataires :
Anne-Marie Garat, écrivain
Sylvie Gouttebaron, écrivain, Directrice de la Maison des écrivains
Jean-Michel Maulpoix, écrivain, Professeur d'Université, Président de
la Maison des écrivains
Jean-Yves Masson, écrivain, Professeur à la Sorbonne

jeudi 18 janvier 2007

SONDAGE

Salut à toutes celles et tout ceux qui passent sur ce blog.

Juste quelques questions :

- Comment avez-vous connu cette adresse ?

- Est-ce que vous-même écrivez ? Si oui, quoi ?

- Est-ce que intégrer l'asso vous intéresserait ?

- Est-ce que vous connaissez le Paris littéraire, les lieux à visiter ? (c'est pour le voyage de fin d'année)


C'est aussi histoire de m'assurer que je ne passe pas mon temps à rédiger des articles pour personne, en fait. Donc, svp du fond du coeur, prenez style deux minutes de votre temps pour laisser un commentaire ou répondre à ces questions par mail sur anoter54@yahoo.fr

l'aurevoir à la fac



Tu sais, c'était presque un accident, je te jure
C'est sorti comme ça, pas besoin de discorde.
Les mots, tu sais, c'est comme de la confiture :
On en met tout partout, et parfois ça déborde.

Alors oui, c'est navrant, quand après tant d'années,
Hop, sans crier je viens gare ou au loup au feu,
Tout s'effondre sans mot tel sous terre un os creux.
Le présent a style rengainé le passé.

Donc oui, aujourd'hui dans ma bouche tu vécus
A l'imparfait. J'allais par tes escaliers sales
Quêtant sans trop guetter où tu cachais ma salle.
Ce serait comme hier, comme demain : sans plus.

Et puis non. J'ai poussé pourtant ta fière porte -
J'ai même salué tes gens de toutes sortes :
Les acharnés, le prof, les brebis, les branleurs.
Et l'évidence en moi a fondu mes erreurs.

Jamais, m'a-t-elle dit, jamais tu ne seras
ça. Tu deviendrais fou à parler dans le vide
A la foule muette aussi gaie qu'un trépas !
Non, non ! Fuis, cours, et loin ! Reste de tout avide !

Las je me suis assis, et je t'ai regardée
Comme une amante à qui l'on ne promettait rien
Et qui subitement réclame d'être aimée.
Le temps du jeu s'achève où naît celui du pain.

Bientôt, je partirai par les siphons étroits
D'un pays moribond où au creux des batailles
Je dessinerai seul les rivages canailles
Des mondes à venir où vivre en homme droit.

Je t'espérais plus noble et plus ouverte à tout,
Je te rêvais femelle assoiffée de savoirs,
Je te trouvais toujours plus fermée à genoux,
Je te trouvais toujours plus sèche sans mémoire.

Je t'inventais des noms, je te désirais comme
Un cadeau de nos jours : je t'ai trouvée banale.
Je pensais m'éveiller, je fis sept ans un somme.
Et tout maintenant pour travailler est bancale.

Donc merci, chère fac, pour ce si beau gâchis.
J'ai fini de geler, je quitte le glacis.
Et l'avenir sans joie me tend ses tentacules :
Au mieux le RMI. Pire : un pont à crapules.


Séb, Nancy, le 17 janvier 2007


source image : http://www.sharedsite.com/hlm-de-renaud/bibliotheque/etudiant/index_01_mots_de_renaud.htm

mercredi 17 janvier 2007

atelier du 17 janvier

Ce soir, on n'était pas nombreux mais on a quand même bien phosphoré, notamment sur le thème du VOYAGE DANS LE TEMPS.

On a essayé d'écrire un scénario avec deux hypothèse : l'une où un personnage met un pull noir, l'autre où il ne le met pas. Avec les conséquences que chaque hypothèse peut inviter à imaginer. Eh oui ! Rien n'est anodin en ce monde.

Voilà voilou,
Séb.

mardi 16 janvier 2007

Un jour une lettre


Un jour une lettre est venue gratter à ma porte, comme ça, l'air de rien. Courte sur pattes et frêle comme un fêtu de paille, elle n'avait pu sonner, ni frapper, juste gratter. J'ouvris, inspectai l'horizon, et, tout en maudissant déjà quelque garnement, m'apprêtais à refermer quand dans ses habits trop amples, elle toussota.
- Je suis là, fit-elle d'une voix aussi triste qu'inaudible.
Je m'accroupis et lui offris ma paume. Elle prit appuie sur le long de mon pouce, énormité rongée et cramoisie, et se retrouva au sommet de cette arête dangereuse. Elle soupira et se laissa glisser au creux de ma main.
- Ouf, l'entendis-je souffler.
Ma main se fit ascenseur, mais le plus lentement possible sembla déjà trop rapide car mon hôte parut ébouriffée. Elle fit bientôt face à mon gros oeil marron. Il ne sembla pas l'effrayer outre mesure.
Je me demandai si, face à celui, mettons, d'un T-Rex, j'aurais adopté la même quiétude. Mourir pour mourir, me dis-je aussitôt, autant éviter d'exploser moi-même mes propres tympans.
Je lui souris. Elle fit de même.
C'était un A. Initiale d'une histoire nouvelle, pic à la verticale telle une fusée, dessin raté de la partie inférieure d'un personnage, elle pouvait être tout cela à la fois. Ses habits, en réalité, n'étaient que charpie noirâtre, sorte de voile pudique partant de la tête et s'arrêtant à mi-cuisse. Elle me fit penser à une fille afghane. Je ne discernais ni ses yeux ni sa bouche. En avait-elle seulement ?
Je lui aurais volontiers proposer quelque chose à boire mais va savoir si une lettre, ça boit. Un O, comme un D, ou un Q pas de problème, ils boiraient peut-être avec raison craignant de se noyer, voire un B, qui pourrait marcher les jambes lourdes et l'esprit serein, mais un A ? Comme un P, il risquerait de tituber aussitôt, même sans alcool. Il deviendrait hydrocéphale et mourrait. Que donnerait un... biscuit ? Je lui en proposai une menue portion mais elle déclina mon offre, poliment mais fermement. Bon.
Peut-être qu'une lettre ne se nourrit pas, après tout. Qu'elle se suffit à elle-même.
Nous entrâmes, je lui fis visiter mon chez-moi aux tapisseries sans motifs et aux pièces exigües. Elle parut ravie, solidement ancrée au centre de ma ligne de vie ; elle ne parla cependant pas.
Enfin, nous retrouvâmes mon vestibule et je dus avouer, penaud et presque de manière inaudible eu égard à ses tympans que j'imaginais toujours fragiles, que je ne savais plus trop quoi faire. Sorte de grand couillon mortifère, seul dans son entrée, mais avec une lettre au creux de la main, invitée surprise d'une fête impossible.
Elle me fit alors part de son souhait. Je frémis d'angoisse. La peur du ridicule, non, je l'avais dépassée depuis le jour où, pour mon premier jour au collège, devant près de mille élèves incrédules, je m'étais lamentablement ramassé en trébuchant sur cette satanée marche que tous avaient vu, sauf moi. Et j'avais survécu, preuve que le ridicule ne tue pas. Mais l'angoisse oui. A petits feux. Puis, lorsque vous êtes à l'agonie, elle repart comme si de rien n'était. Irréductible, insensée, nauséabonde. Infaiilible, décidant seule de ses dates de réquisition et de sortie de mon cerveau asservi ; oui.
Pour farfelu qu'il fût, son souhait, la seconde suivante, me séduisit, m'enthousiasma même.
Je requis simplement un petit peu de temps avant de la satisfaire. Indifférente, elle accepta. L'essentiel étant le résultat. Nous en convînmes aisément.
Je me mis au travail, elle, tranquilement installée dans mon fauteuil devant "Les Feux de l'Amour", patientant. Je crus déceler quelques sanglots mais je n'en fis de cas. Après tout, une lettre a bien aussi le droit d'être émue par les rocambolesques mésanventures de gars et de filles ayant échappé, approximativement, un million de fois aux pires machinations de l'amour.
Moi, la mienne serait simple.
Je répondis à son voeu assez rapidement. Elle voulait en effet être l'héroïne première, initiale, d'une histoire d'amour tragique. Je la saisis au vol, à la fin de l'épisode, et la plaquai subitement sur une feuille blanche, immaculée. Elle sourit d'aise, mais, l'oeuvre achevée, se figea pour l'Eternité.
Mon chef d'oeuvre serait d'une limpidité exquise, mêlant les différentes étapes d'une histoire, la rencontre, la séduction, la passion des corps et la rupture poignante des âmes, en deux mots : A JAMAIS.

Séb, Nancy, le 16 janvier 2007.

source image : http://www.postershop.com

jeudi 11 janvier 2007

fantôme de Mat

Sujet : Regardez fixement votre feuille blanche, et écrivez sur le premier fantôme qui vient vous rendre visite

Lecarré : « écrire c’est à peu près comme se trouver dans une maison vide et guetter l’apparition de fantôme. »

- Ah salut joyeux fantôme, que viens-tu faire là ?

- Je viens de la part de quelqu’un qui t’est très cher

- Raconte.


« Un homme aux cheveux châtains et aux yeux bruns vert t’attend quelque part. Il habite loin de toi mais il pense beaucoup à toi. Il t’aime et il veut faire sa vie avec toi avec pleins d’enfants pour monter une équipe de foot. »


Je me suis tout de suite demandé ce que ce « joyeux fantôme » me voulait exactement. D’abord j’aime pas les joyeux fantômes parce qu’ils réveillent des souvenirs agréables à cette époque triste de ma vie. Comment ne pas faire la comparaison entre le passé et l’instant présent ? Qui es-tu « joyeux fantôme » pour me faire souffrir ? Tu aimes tant faire faire les comparaisons aux gens ? Ca doit être ça. Moi je ne t’aime pas parce que tu me fais mal. Je ne vis pas encore sous un pont comme certains le prétendent et je ne souhaite pas ainsi finir.. J’ai tout pour être heureux, alors quelqu’un pourrait me dire ce qui ne va pas aujourd’hui ? Quelqu’un pourrait me dire pourquoi quand je rentre chez moi j’ai envie de me fouttre en l’air ? Pourquoi je perds si facilement espoir ? Qui pourra me dire un jour pourquoi un « joyeux fantôme » vient me narguer ainsi ? Dans tous les cas, je ne pourrai pas lui renvoyer la balle parce que je n’ai rien à lui redonner à ce vieux fantôme.

Qu’est-ce que me veut ce fanfaron de foire à faire fuir les enfants ? Qu’est-ce que me veut ce sentiment sensible à la confession subite ? Qu’est-ce que tu me veux pauvre sac d’os ? Tu crois peut-être que je vais chercher cet homme aux cheveux châtains et aux yeux bruns vert ? S’il m’aime tant que ça, il n’a qu’à venir me chercher parce que je ne sais vraiment pas qui c’est. Et puis si un jour il vient s’inquiéter de mon existence et m’en libérer, je lui dirai de s’en aller. Pourquoi ? Parce que j’aime pas les hommes, j’aime pas leur raideur, leur brutalité, j’aime pas être dominé comme certains pourraient le désirer, j’aime pas la crasse, j’aime pas leur barbe qui le matin pique mes joues, j’aime pas leur odeur que cachent des parfums peut être trop forts… J’aime pas les hommes et je préfère les femmes au corps sculpté par des mains angéliques. J’aime leur peau douce et leur parfum sensuel, j’aime quand elles se blottissent tout contre moi, là, comme ça… Je préfère les femmes c’est tout.

Et puis quelle idée de faire 11 enfants pour fonder une équipe de foot ? Bon, je l’avoue je n’en n’ai pas les capacités physiologiques mais bon, il faut penser aux remplaçants. Faire plus de onze mioches alors non merci ! Et puis, vieux fantôme, tu as pensé à la chose suivante, si chaque naissance est espacée de 9 mois, il faudra que le premier attende 7 ans et demi pour avoir son équipe au complet et sans un remplaçant ! Et encore il faudra qu’il patiente une année de plus pour que le dernier puisse marcher. Combien de temps faudra-t-il compter pour que l’équipe soit à un niveau homogène ? Combien de temps ? Tu y as pensé à ça ? Des fois, mieux vaut ne rien dire que dire pareille connerie… Je suis désolé mais je ne ferai pas d’enfant dans le but de les voir jouer dans une équipe de foot. Et puis de toute façon j’aime pas le foot, donc je n’irai même pas les voir jouer et encore moins les encourager. As-tu pensé au fait que le premier gamin passera la grande partie de son enfance à attendre que je ponde ? Pondre pour quoi et pour qui ? Bonne question. Pour satisfaire ce vieux fantôme dégénéré ! Faut pas rêver non plus… Comme si j’avais que ça a faire que d’être fécondé par un type du même sexe que moi qui n’a de toute façon aucune chance avec moi. Faut pas rêver, non, faut pas rêver…

Maintenant je te conseillerais de te barrer « joyeux fantôme » de la désespérance, je ne t’ai rien demandé et je te demanderai jamais rien. Alors barre-toi, reviens me voir quand tu auras quelque chose d’intéressant à dire, parce que franchement pour l’instant t’es pas le bienvenu. Laisse-moi avec un mon visage jaune, mon séchoir à cheveux et ma baignoire remplie d’eau, juste le temps d’en finir, juste le temps d’en finir.

Matthieu

source image : http://wwwedu.ge.ch/co/secheron/fantastique/themes.html

texte de Séb pour l'atelier "rencontres improbables"


Un dictateur crocodile, aux pays des elfes donc, se promenait un matin dans les rues de sa capitale. Sa queue zigzaguait joyeusement, entourée d'elfes en armes et aux aguêts, quand il se remémorait non sans gloire sa prise de pouvoir, toute récente.


Il se revoyait gravir, dans un total anonymat, les marches du palais des elfes, il y a quelques semaines, pour se prosterner aux pieds de leur empereur. On l'avait trouvé errant, âme en peine, entre les deux mondes, celui des humains et celui des elfes, et il avait expliqué que Dundee l'avait abandonné, au profit d'une « petite pouf d'Hollywood », et qu'il s'était senti nié dans son identité même de crocodile. Depuis, il errait. On compatissait, l'oeil brillant. Mais on avait mis cela sur le compte d'un delirium très mince. En effet, personne, même chez les hommes, ne s'appelerait Dundee. Vraiment trop laid.

Puis, en lui racontant mille blagues d'elfes, avec ceci d'ennuyeux qu'il faut être né elfe pour les comprendre, on le conduisit à l'empereur. Il serait ravi de rencontrer une nouvelle espèce, rampante qui plus est, donc presque à hauteur d'elfe. Le crocodile, lui, rassuré de pas être tombé sur de vils chasseurs, les suivit sans mot dire et sans se douter du cruel destin qui lui était réservé.

En effet, les elfes, il faut le savoir, n'ont de gentil que ce que la légende corrompue leur a outrageusement octroyé. Ce sont en vérité des êtres sadiques, lubriques et, surtout, cupides. Or, ils savaient bien qu'un crocodile constituerait auprès des hommes une denrée hautement négociable. Quelque ambassadeur était en effet revenu récemment avec de belles bottes d'un caoutchouc inconnu.

Ce plan, secrètement ourdi dans les têtes, le crocodile ne s'en doutait pas. Il pensait qu'on le reconduirait chez lui, avec les honneurs, une fois les cérémonies et autres présentations officielles expédiées.

Ainsi, il gravit les marches avec entrain certes, mais difficulté, car ce protocole n'était pas prévu dans son code génétique. En portant un regard sur sa droite, il surprit une scène sans équivoque : deux elfes, visiblement deux dignitaires, se frottaient les mains. Quelque part sous une roche, se lovait une anguille que sa langue de crocodile se fit un devoir de déloger. Il avisa alors une trappe pour le moment fermée, située aux pieds de l'empereur. On voulait donc l'y voir plonger. Il s'arrêta net et fit de telles courbettes et enchantements en direction de l'empereur que celui-ci sauta de son trône et, lorsqu'il en vint à lui caresser la tête en guise de remerciements, se fit dévorer tout cru. Les dignitaires blèmirent, accoururent et rejoignirent leur chef.

Ainsi fut déclaré nouvel empereur des elfes un crocodile totalement inconnu et tout autant totalitaire dans sa politique.


Ce matin, rampant au coeur de sa capitale, les crocs en alerte, il revivait ces scènes superbes. Mais il devait accueillir un nouveau commerçant, comme le voulait la coutume. Il s'était motivé en se rappelant qu'il avait faim.

Lorsqu'on lui ouvrit la porte et qu'il découvrit l'identité du nouvel arrivant, il eut un bref mouvement de recul. Mais trop tardivement, car Dundee avait dégainé, épaulé et tiré entre les deux yeux.

Aussitôt, on paya grassement le chasseur, qui repartait déjà au bras d'une poupée siliconée, et un nouvel empereur fut nommé.

Séb.

Source image : http://www.crocodile.de/index.htm

compte-rendu de l'atelier du 10 janvier



Salut touti quanti,

La réunion d'aujourd'hui n'a pas vu beaucoup de personnes, du fait des exams, mais ça a bien marché quand même.
On a commencé par lire les textes inspirés par les fantômes.
Vous êtes d'ailleurs invités à en envoyer par mail en vue du blog.
On a ensuite écrit sur le thème :"rencontre(s) improbable(s)".
On a ainsi vu que notamment le thème du voyage temporel apparaissait (ce sera le thème pour une séance prochaine).
Et on a fini par réfléchir sur le voyage :

Donc ce sera à PARIS sans doute en mars-avril. En train. Et on fera un JOURNAL DE BORD.
Reste le parcours à définir. Sur un week end. Et on proposera aussi à des gens extérieurs à l'asso de découvrir le Paris littéraire. Si vous avez des propositions, elles sont les bienvenues !
ANOTER

source image :
club.canalj.net

mardi 9 janvier 2007

Questionnaire


Ce blog et notre asso ayant aussi pour but de faire vivre la littérature, petite pensée pour l'une de nos plus illustres plumes à travers son questionnaire (à faire tourner - si pour une fois une chaîne peut être culturelle !) :


Le Questionnaire de Proust (1886)

Ma vertu préférée

Le principal trait de mon caractère

La qualité que je préfère chez les hommes

La qualité que je préfère chez les femmes

Mon principal défaut

Ma principale qualité

Ce que j'apprécie le plus chez mes amis

Mon occupation préférée

Mon rêve de bonheur

Quel serait mon plus grand malheur ?

A part moi -même qui voudrais-je être ?

Où aimerais-je vivre ?

La couleur que je préfère

La fleur que j'aime

L'oiseau que je préfère

Mes auteurs favoris en prose

Mes poètes préférés

Mes héros dans la fiction

Mes héroïnes favorites dans la fiction

Mes compositeurs préférés

Mes peintres préférés

Mes héros dans la vie réelle

Mes héroïnes préférées dans la vie réelle

Mes héros dans l'histoire

Ma nourriture et boisson préférée

Ce que je déteste par-dessus tout

Le personnage historique que je n'aime pas

Les faits historiques que je méprise le plus

Le fait militaire que j'estime le plus

La réforme que j'estime le plus

Le don de la nature que je voudrais avoir

Comment j'aimerais mourir

L'état présent de mon esprit

La faute qui m'inspire le plus d'indulgence

Ma devise


Les réponses de Marcel Proust au fameux questionnaire :

Le principal trait de mon caractère. - Le besoin d'être aimé et, pour préciser, le besoin d'être caressé et gâté bien plus que le besoin d'être admiré. La qualité que je désire chez un homme. - Des charmes féminins. La qualité que je désire chez une femme. - Des vertus d'homme et la franchise dans la camaraderie. Ce que j'apprécie le plus chez mes amis. - D'être tendre pour moi, si leur personne est assez exquise pour donner un grand prix à leur tendresse. Mon principal défaut. - Ne pas savoir, ne pas pouvoir "vouloir". Mon occupation préférée. - Aimer. Mon rêve de bonheur. - J'ai peur qu'il ne soit pas assez élevé, je n'ose pas le dire, j'ai peur de le détruire en le disant. Quel serait mon plus grand malheur. - ne pas avoir connu ma mère ni ma grand-mère. Ce que je voudrais être. - Moi, comme les gens que j'admire me voudraient. Le pays où je désirerais vivre. - Celui où certaines choses que je voudrais se réaliseraient comme par un enchantement et où les tendresses seraient toujours partagées. La couleur que je préfère. - La beauté n'est pas dans les couleurs, mais dans leur harmonie. La fleur que j'aime. - La sienne- et après, toutes. L'oiseau que je préfère. - L'hirondelle. Mes auteurs favoris en prose. - Aujourd'hui Anatole France et Pierre Loti. Mes poètes préférés. - Baudelaire et Alfred de Vigny. Mes héros dans la fiction. - Hamlet. Mes héroïnes favorites dans la fiction. - Bérénice. Mes compositeurs préférés. - Beethoven, Wagner, Schumann. Mes peintres favoris. - Léonard de Vinci, Rembrandt. Mes héros dans la vie réelle. - M. Darlu, M. Boutroux. Mes héroïnes dans l'histoire. - Cléopâtre. Mes noms favoris. - Je n'en ai qu'un à la fois. Ce que je déteste par-dessus tout. - Ce qu'il y a de mal en moi. Caractères historiques que je méprise le plus. - Je ne suis pas assez instruit. Le fait militaire que j'admire le plus. - Mon volontariat ! La réforme que j'estime le plus. - Le don de la nature que je voudrais avoir. - La volonté, et des séductions. Comment j'aimerais mourir. - Meilleur - et aimé. État présent de mon esprit. - L'ennui d'avoir pensé à moi pour répondre à toutes ces questions. Fautes qui m'inspirent le plus d'indulgence. - Celles que je comprends. Ma devise. - J'aurais trop peur qu'elle ne me porte malheur.

ANOTER

Thématique couple

source image : http://soeurdesours.blogamoi.com/index.php/2006/03/14/6375-avec-un-kit-de-latelier-kitty-jai-fait-ma-petite-collection-dours

Voici deux poèmes, écrits à un mois d'intervalle, sur le thème du couple...


LOUP

ce matin a cessé au retour des sous-bois
comme un oiseau mort-né fermait ses ailes blanches
le hurlement sans fin des amants d'autrefois
les arbres soulagés inclinèrent leurs hanches

ne restera plus d'eux qu'une vague rumeur
un élan passager d'un cargo sans marin
une lettre oubliée criera toutes les heures
comme un loup égaré au milieu des dauphins

ce matin a cessé au réveil des nuages
comme une cerise abandonnait son noyau
le souffle doux-amer des serments sans présage
que les amants soumis s'échangeaient sans réseau

ne sachant plus dire que par râles informes
leurs sentiers décousus froissés comme une veste
ils tombèrent muets aux genoux las d'un orme
et sur le lierre frais se quittèrent sans reste

Séb, 7 janvier 2004



WEEK END

c'est un hôtel surpris en sa pleine tempête
la pinède alentour s'époumone et s'effrite
comme un prince maya égrènerait ses rites
un couple voltige dans sa chambre fluette

quand l'aube en silence éveille ses douces armes
au bord d'un ruisseau qui corbillard sans amant
traîne ses souvenirs comme un homme ses larmes
le couple dans son lit recoud ses jurements

le ciel fond ses refrains et ses oiseaux leurs fientes
sur le toit de l'hôtel enrhumé de soleil
lorsqu'à midi l'on sert en rafales saignantes

vapeurs sous porcelaine au milieu des abeilles
l'après-midi se dresse en ses haillons de soie
et le soir apparu chacun rentre chez soi

Séb, 6 février 2004

lundi 1 janvier 2007

Bonne année!


source image : http://www.jedessine.com

Bonne année à toi visiteur !

Bonne année à toi écrivain !
Bonne année à toi poète !
Bonne année à toi rêveur !
Bonne année à toi jeune fille !
Bonne année à toi jeune homme !
Bonne année à toi bout-en-train !
Bonne année à toi râleur !
Bonne année à toi fleur !
Bonne année à toi le monde !

Lettre à M. 2007 :
- de la santé
- de l'amour (et pis des mamours)
- de l'amitié
- de la joie
- de la créativité
- des exams (ou des concours)
- un travail... (ah non, là c'est à M. Utopie qu'il faut faire la demande...)


Voilà, en gros.
ANOTER.