samedi 30 décembre 2006

de guerre lasse


sources image : http://fr.wikipedia.org/wiki/1916


Réveillon de guerre


24 décembre 1917

Je te reprends, journal, comme hier, avec le même désir : plume, encre, emportez-moi loin d’ici !

L’assaut de ce matin a tourné à la boucherie. Les cris des blessés, à peine morts, jonchés et parsemés comme des plants de tomates allongés, se mêlaient aux croches des balles, aux silences suivants l’éclat de l’obus. Les mottes de terre s’élevaient, comme soulevées par une force intérieure infernale, tourbillonnaient un instant, parfois s’évadaient par delà une clôture éventrée, et retombaient, toujours vaincues. Ma mitraillette faisait trembler mon bras, mon buste, mes dents, comme lors d’un froid subi et sans cesse, aussitôt, le transmettait dans le cœur d’un ennemi. Inconnu et ennemi, quelle bizarrerie ! Je pourrais, j’aurais pu, être son ami. Mort, il demeure aussi mystérieux et informe que vivant : avec pour seul point commun ce regard, identique au mien, plein de peur et d’incompréhension. Tirer, sans même viser, tirer, tirer et tuer. Les blessés, il aurait fallu les faire prisonniers et les nourrir. Tuer. Après la première salve de l’assaut, je me suis caché dans un trou. Je devais couvrir avec d’autres – Lucien et Louis en tête de chaque unité – ceux qui devaient par les ailes prendre en contre la citadelle ennemie. Nous la prendrions ; ils la reprendraient tôt ou tard, mais… il fallait. Pour l’instant, je suis assis dans la boue, les battements de mon cœur orchestrés par une baguette en fureur, les tempes et le front luisants.

Ma mitraillette est plaquée contre ma poitrine ; je la sens prête à me brûler la chaire et à me fondre un à un les nerfs. Je tourne le dos à la citadelle ennemie, mes côtes semblent s’enfoncer et se perdre dans cet amas boueux et animal où un obus vint faire son lit mortuaire. Je m’imagine, là, ce soir, vivant, blême. Les cheveux poisseux, la gorge sèche et les yeux et les poumons vides, je m’imagine échappé de l’Enfer et devant y retourner. Quel répit avons-nous, nous autres martyrs modernes ? Entre deux tranchées, le soleil se refuse à nous. Notre étoile, c’est le caillou noir et immense, resté bloqué au milieu d’une paroi humide. Je dois me relever, je dois me retourner et tirer, tirer…

Je n’entends plus les voix : Y en a-t-il seulement ?

Plus mort que vif, plus ombre que chaire, plus soldat qu’homme, je me dresse vivement, pointe mon canon, ferme les yeux un instant et tire, tire…

  • Cessez le feu !


Je cesse le feu. Oui, ce n’était pas qu’une impression, qu’un mirage désiré. Les deux seuls soldats à l’intérieur s’étaient rapidement rendus et, lorsque j’avais tiré, levaient haut les mains. Aussitôt, celui que mes balles avaient refusé de déchirer, plonge à terre, en rage, et je l’imagine prendre la tête ensanglantée de son ami dans ses mains poisseuses et le supplier de revenir. Lui dire que demain, ils déserteront et quitteront cette anti-chambre des cauchemars, qu’ils élèveront ces chèvres dont ils avaient parlées, et… mais non, c’est la mort qui t’attend, bras ouverts et souriante. Le cri qui suivit me tira de ma rêverie. On me retira mon arme de peur, certainement, que je ne la retournasse contre moi. Tuer alors que, pour une fois, on ne me le demandait même pas, ou si peu. J’étais passé, en une seconde, de soldat à meurtrier. Mais quelle différence ? Ne sommes-nous pas tous, ici, sur ces chemins ouverts sur les entrailles noires de la terre, des tueurs condamnés à tuer ? Donnez mon arme à mon président, qu’il tue le président ennemi, ou qu’il se fasse tuer, et laissez-moi serrer la main à mon ennemi. Tiens, ce soir, c’est le Réveillon, demain Noël. Je pars.

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25 décembre 1917

Ma chère Adèle,

Joyeux Noël, c’est le plus important. Au Diable la guerre et les généraux et Joyeux Noël ! Si tout va bien, je serai auprès de toi et d’Henriette (je t’aime, mon enfant, ne l’oublie jamais) pour le mois de Mars. Les rumeurs disent que la guerre est bientôt finie. Aux nouvelles, il y a du changement et, sur le front, nous en avons tous assez. Ma pauvre Adèle… Hier soir, nous avons assisté à une scène incroyable, après celle désolante de hier matin. La guerre est déclarée par des fous et nous rend fous, tous autant que nous sommes. Pauvre pays… Tu te souviens certainement de ce petit bleu, qui vient d’être incorporé. Je t’avais dit qu’il avait été arraché à son université, mobilisé sur tirage au sort pour venir se battre. Depuis, j’ai appris qu’il était poète. Pas un grand, mais poète tout de même. Au bouillon, il nous a récités quelques poèmes qu’il avait écrits. Il nous parlait de mers, de rêves, de femmes jamais atteintes… Nous rêvions, nous les vieux, avec lui, partagés entre le recul amusé et la joie d’être tout de même transportés… loin d’ici. Les tranchées disparaissaient et nous imaginions, à leur place, les rivières qu’il nous décrivait se plongeant dans ces océans verdoyants et caressant ces îles dont il était l’unique découvreur. Les balles devenaient des colombes souriantes et les obus de lourdes semelles que nous aurions tous à enfiler pour nous évader.


Hier matin, nous devions gagner un point stratégique et, sur notre passage, deux soldats, de corvée de garde sans doute, se cachaient derrière une motte, tout autant pacifiques que nous tous. Ils levaient les mains et nous nous apprêtions à les faire prisonniers sans problème. Seulement, le poète, Dieu seul sait pourquoi, a fait feu, un feu nourri jusqu’à ce que nous lui ordonnions d’arrêter, et tua l’un des deux soldats. L’autre s’agenouilla et dans sa langue dut le porter loin de nous. Il se releva et nous insulta avec une haine indicible. Nous avions, depuis longtemps déjà, battu en retraite – notre mission avait échoué – et nous avons dû l’abattre de peur qu’il ne nous tue tous. Le poète, lui, blême, n’a rien dit jusqu’au soir. Il n’a rien voulu manger et le soir, il a quitté sa table de fortune en nous disant simplement qu’il partait et il s’est dirigé, l’échine courbée, vers le champ de bataille où il se fit immédiatement coupé en deux par une rafale ennemie. Nous aurions pu envisager, comme l’année dernière, un cessez-le-feu pour cette date, mais ce geste insensé nous en empêcha. Nous luttâmes une bonne partie de la nuit. Noël ne fut qu’une nuit comme les autres : entre le sang et les cris.

Mais n’oublie pas, ma chère petite femme, d’embrasser Henriette et de lui dire que son papa pense à elle et qu’il va très bien, dans son hôpital où il est docteur. Que jamais ces lignes ne lui parviennent, surtout.

Ton mari qui t’aime.

Séb.

béné dit cités et tout


Révélations


Il s’était longtemps contemplé devant la glace. Rasé de près, impeccablement cravaté, chaussé brillamment, portant un pantalon de bonne coupe et tout sourire, il était prêt pour la grande épreuve. Sa future fiancée l’attendrait devant la porte d’entrée, lui ferait part de l’ambiance et le préparerait à toute contrainte imprévue.

Il s’installa dans le bus en prenant bien garde aux autres passagers ; un pli et toute sa préparation serait fichue ! Il en descendit avec, dans la poitrine, cette boule qui n’avait cessé de croître depuis deux semaines et l’invitation. Cela faisait deux ans qu’il attendait de les rencontrer et le grand soir était enfin venu. Elle lui avait tellement parlé de ce père brillant avocat et de cette mère pieuse enseignante qu’il avait l’impression de les connaître. Peut-être cette boule était-elle dû à cette connaissance. Non, c’est idiot, la crainte est naturelle ; ce sont des personnes charmantes qui ont donné la vie à la femme que j’aime.

Comme prévu, Emmanuelle l’attendait sur le pas de la porte, dans sa robe de taffetas et de soie grise qu’elle ne présentait que pour les grandes occasions. Elle s’était finement maquillée et elle lui parut plus belle que jamais. Elle déposa un baiser timide sur le coin droit de sa bouche et lui glissa à l’oreille : « Tout va bien se passer. Ils sont très contents de te rencontrer. »

Elle le fit entrer, lui prit son manteau qu’elle suspendit au porte-manteaux dans le vestibule et ils gagnèrent le living-room où la table, ovale, avait été mise avec soin et raffinement. Quatre couverts avaient été dressés. Les entrées étaient déjà en place, dans leurs soupières ou leurs plats en argent. Sur la table basse, un peu plus loin, trônait un cendrier en cristal. Le jeune homme se détendit en pensant qu’il pourrait fumer à la fin du dîner. Sous la massive table en chêne, était disposé un tapis sans doute persan et restituant ce qui lui parut être une bataille médiévale, peut-être le rappel d’une croisade. Il s’étonna qu’il n’y eût pas de télévision. Les seules images en couleurs représentaient, sur un tableau imposant, Marie tenant l’enfant Jésus dans ses bras, sous les yeux bienveillants de Joseph et des Rois Mages. Enfin, toute l’argenterie et les photos de famille trônaient fièrement dans le living, à sa gauche. Au milieu, Emmanuelle souriait au jour du soutien de sa thèse universitaire. C’est à ses côtés, sur cette photo distante de quelques mètres, qu’il les vit pour la première fois : lui, serein, visage ouvert et yeux fermés au moment du cliché, un brin autoritaire avec sa moustache magnifiquement taillée et bombant le torse comme tout homo sapiens savourant la victoire des siens ; elle, fluette, les yeux bleus pétillants de fierté, petite bouche rosie, un petit carré qui mettait plus en valeur son regard que le brun sans beauté particulière de ses cheveux. Il allait ouvrir la bouche pour dire, prosaïquement, qu’ils avaient l’air charmants, lorsqu’ils arrivèrent dans son dos. Il ne s’était pas aperçu qu’Emmanuelle les avait rejoints dans la cuisine et accompagnés au salon. Il se retourna vivement en attendant la voix de ténor de Monsieur le Père et tendit maladroitement la main.

« Enchanté de faire enfin votre connaissance, Monsieur, dit-il en cachant de son mieux sa détresse profonde. Et vous aussi, Madame, se rattrapa-t-il lorsque la petite femme passa le seuil dans la foulée et l’ombre de son mari. »

  • Moi aussi, jeune homme. Mais installons-nous, je meurs de faim.

Il entraîna tout le monde dans son sillage. Il avait serré la main de ce grand gaillard timide, de ce rustre qui ne s’habille même pas en Calvin Klein, avec une forme profonde de désintérêt, de celui que l’on réserve à un rendez-vous mineur précédent un entretien capital.

Ils s’assirent. La maman souriait benoîtement et Emmanuelle respirait lourdement, comme le prouvait sa poitrine qui se soulevait et s’abaissait à la manière d’un océan déchaîné. Le père prit la parole :

  • Ainsi donc, vous avez fait vos études avec ma fille ? Vous êtes le premier ami qu’elle laisse pénétrer ici. Vous devez sans doute avoir de grandes qualités, mon garçon. Pardonnez-moi, mais j’ai oublié votre prénom.

  • Papa !

  • Ton père a le droit de commettre des oublis, ma chérie.

  • Alexandre, je m’appelle Alexandre, Monsieur.

  • Très bien, Alexandre. Vous envisagez quel avenir professionnel ? (Alexandre avait une réponse toute prête)

  • Je vais créer, dans les mois à venir, mon étude notariale, Monsieur.

  • Très bien, très bien. Et vous avez une femme ? Enfin, je veux dire, vous fréquentez quelqu’un ? Car vous savez que nous devons tous trouver notre Eve.

Emmanuelle enfonça son menton entre ses omoplates et devint progressivement rouge. Sa mère écoutait sans bouger. Alexandre, lui, avait reçu un violent coup. Ainsi donc, ils ne savaient pas pour eux. A quoi rimait cette invitation ? Il se contint de son mieux, ferma un instant les yeux et répondit en souriant.

  • C’est à dire non, Monsieur, plus vraiment. Jusqu’à récemment, je pensais pouvoir partager ma vie avec quelqu’un, mais je me suis trompé visiblement.

  • Il ne faut pas dire ça, mon enfant, dit Madame la Mère. Tout n’est peut-être pas perdu. Savez-vous ce que dit notre Seigneur ? « Pardonne nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. » Cette parole s’applique aussi pour cette jeune femme : elle s’apercevra tôt ou tard de l’homme charmant que vous êtes.

Ces références religieuses commençaient sincèrement à l’énerver. Peu à peu, il comprenait certaines réactions rencontrées pendant deux ans chez cette femme qui, désormais, semblait incapable de prononcer le moindre son, repliée dans un mutisme exacerbé.

  • Bien, dit le pater familias, avant de passer à table, vous voudrez bien, Alexandre, bénir ce repas que Notre Seigneur nous offre ce soir. D’ordinaire, c’est moi qui m’en charge, mais la coutume veut que ce soit l’invité, les soirs de fête, qui le fasse. Allez-y, nous vous écoutons.

  • Je crains, répondit le jeune homme en souriant nerveusement, que cela soit impossible. Je refuse de remercier un Dieu auquel je ne crois pas.

Le visage du père perdit son sourire et la mère ne put réprimer un « Oh ! » horrifié. Emmanuelle ferma les yeux. Elle devait masquer ses larmes.

  • Et pourquoi donc ? demanda l’avocat dans un élan apoplectique

  • Parce que, Monsieur, je ne pense pas qu’avant de manger, nous devions remercier le Seigneur de nous donner à manger tous les jours, tous les soirs, dans une visée égoïste, alors que la faim touche près d’un habitant du monde sur deux. Nous ne devrions pas le remercier, mais bien le blâmer d’une telle injustice. Demandez-lui plutôt ce que le Cambodgien, le Somalien ou même l’homme au coin de votre rue à qui, en descendant du bus, j’ai donné une pièce, et à qui vous auriez peut-être donné un cendrier en cristal, aura à manger ce soir.

Il avait répondu avec sincérité et facilité. La boule avait disparu. Il se leva de table, alors que les autres convives restaient bouche bée, sans oser se regarder, et à l’instant où il enfilait son manteau et son applomb, il ajouta :

  • Ah, j’allais oublier, il va de soi que j’ai défloré votre fille avant le mariage qui n’aura plus lieu.

Séb.

"Mais quel regard profond, inoubliable..." écrivait Baudelaire

source image : www.languefrancaise.net/galerie/oeuvre.php?id....


Vois saltimbanque irréductible
Vois-tu
Tes voix traînées d’or
Ou de souffre crisser comme
Notes sans instrument
Branches sans arbre


Vois-tu saltimbanque ivre
Des autres
Vois-tu tes pas
Ne pas rester –
Ensevelis sous les aulnes glacés


Ta paume accrochée de soupirs
Chante la vie les vies la mort
Et pleure vers le ciel insoumis
Ses glorieuses défaites


Saltimbanque sans public
Imposteur sans victime
Solitaire sans multitude
Tes bras absolus boivent les cauchemars
Abandonnés
Et les recrachent pathétiques


Tes lèvres gutturales
Animal au ventre creux
Hurlent la nuit le jour
Susurrent le jour la nuit
Et toujours disparaissent en vol


Les ciels te recueillent t’assemblent
En un firmament inutile
Tu deviens étoile filante
Tu deviens machine à rêves
Matrice à peuples –
Saltimbanque éternel.


Séb.

1er décembre 2006, en cours.

vendredi 29 décembre 2006

Par amour...


sources image :
http://cafeblog.blogsome.com/

L'Amoureuse abandonnée


Les cheveux gondolés par la pluie de minuit,
La jeune fille allait, sur le cœur une rose.
Son pas triste et léger sur l’herbe où l’air se pose
Fit briller le lichen sur ces statues de suie.


La Lune en silence s’enfuyait et pleurait,
Assombrissant l'enfant et le cimetière.
De sa peau brune et pâle elle embrassait les bières.
Au loin, le coq stagnait ; les nuages chantaient.


La jeune fille allait, la main fauve et l’œil sourd.
Les pans noirs de sa robe allongeaient des sourires
Froids et indifférents en un cortège lourd.
Les pierres à ses pieds égrenaient des soupirs.


La jeune fille allait. Enfin, elle arriva.
Le tombeau de Mausole avait moins de beautés.
Une fleur se fanait ; la nuit l’enrubanna.
Là dormait le plus doux des plus doux des aimés.


L’amoureuse accroupie dessina sur le marbre
Un bouquet lacrymal de roses et de larmes.
Silencieux tout autour, s’agenouillaient les arbres,
Comme des généraux faisant tomber leurs armes.


Elle embrassa la dalle et se signa muette.
Elle inspira son rêve et referma les yeux
Sur le monde et la nuit, comme un feu sur les Crêtes.
Sa tempe scintilla de rouge ; elle vit Dieu.



Sébastien Bonmarchabnd, juillet 2002


mardi 26 décembre 2006



7 minutes


Alors tout commence avec
Bernard qui sur son tracteur
Coriace tond la pelouse
De Mme
E-léonor. Quel
F-fet cela lui fait. Elle se sentirait presque
G-né d’être ainsi dénudé par ce M.
Henry qui de son prénom Bernard tond
Inlassablement Mme.
J-sant sur le bord de sa fenêtre ouverte elle voit
Katmandou
L touche le
Miroitement céleste et le
Nectar divin
Oh combien savoureux.
Pauvre M. Henry épuisé s’endort et s’égare dans le
Q du bon Dieu qui avec ses
R de prince
Susurre des mots
Terribles, parlant d’avoir prêché dans
Un jardin savoureux. «
V-loce tu as été avec le
Wagon de l’amour. 7 minutes seulement… » Ne sachant que dire il répondit «
Xylophone » Dieu rétorqua alors : «
Y parait même que
Zorro et Blanche Neige avaient mieux fait… »


Matthieu

dimanche 24 décembre 2006

photo de groupe !

Photo de nous !!!!!!!!!!!!

jeudi 21 décembre 2006

téléfilm Cultissime : A cause d'elle


Voilà les grandes lignes du téléfilm qui a fait naître quelques vocations... Je ne l'ai vu qu'une seule fois, quand j'avais 10 ans, et si quelqu'un possédait un enregistrement, je paierais très, très cher pour l'obtenir !


L'histoire :

1963, près de Nantes. Antoine rêve de rock and roll et doit repasser son certif pour la deuxième fois. Issu d'une famille modeste, il n'a d'yeux que pour la belle Olivia qui vit chez ses parents dans un château des environs. Un accident de voiture, dont Olivia est en partie responsable, entraîne une hospitalisation prolongée pour Antoine. Pour se faire pardonner, elle se propose de le visiter régulièrement tout en l'initiant à la lecture de Balzac et Stendhal. L'amour d'Antoine grandit mais Olivia reste inaccessible. C'est alors qu'il décide de devenir écrivain.


Sources : http://www.cinemovies.fr/fiche_film.php?IDfilm=5368

Séb

texte de Mathilde après tirage des papiers

Décidément, ces petits exos d'impro nous font voyager ! Après le désert, si vous n'avez jamais lu dans l'esprit d'un papillon de nuit, c'est le moment ou jamais !






Journal de bord de Raymond le papillon de nuit




13 novembre 2006




Autour d'un chêne trentenaire, entre 19h04 et 19h06 j'ai été témoin d'une scène bien peu ordinaire. Une assemblée, à vrai dire, constituée d'un cadavre, d'une trousse, d'une chouette et d'un trèfle à quatre feuilles. Enfin, c'est ce que j'ai vu. Mais ni la femme morte ni la trousse ne parlaient, non, les voix venaient de leurs intérieurs respectifs. A la longue j'ai fini par comprendre.


La chouette était en chasse, et s'accordait une petite pause entre deux souris sur une branche maîtresse. Le trèfle poussait là, tout simplement. La trousse avait dû être oubliée dans la journée par un Humain. Quand à la femme morte, eh bien ! Elle a toujours été là, de mémoire d'insecte. On en grignote des petits bouts parfois.


J'avais plaqué mon corps gris contre l'écorce grise, et j'essayais de me faire le plus gris possible tout en écoutant la conversation, à cause de la chouette.


Le trèfle avait froid. A croire qu'il ne se portait pas bonheur à lui-même ! Quoique tout le monde semblait plus ou moins disposé à l'aider. La chouette lui proposait des plumes (là j'ai acquiescé discrètement des antennes. C'est bien les plumes), puis de descendre le réchauffer. Là j'ai eu les jetons : elle risquait de me voir au passage ! Non, non, non, non, non...


Entre temps la trousse et le ventre de la morte parlaient. Ils étaient en fait un bout de papier et un autre humain mort. Je me suis dit texto : chouette (façon de parler, hein !), s'il sont deux humains morts, y'a plus à manger ! Mais de là où j'étais je ne voyais pas le bout de papier.


D'après ce que j'ai entendu il fait meilleur vivre dans le ventre d'une morte que dans une trousse, à part le fait que ce soit gluant. Hmm. Mauvais pour le vol, ça !


Enfin, ils se sont mis d'accord pour se faire manger par la morte pour être au chaud. D'ailleurs eux aussi se croyaient morts si j'ai bien suivi. Tant mieux pour nous autres nécrophages, ça fait toujours plus de bouffe. Ça en fait même assez pour que j'aille, dès demain, le raconter aux copains. Et puis une chouette morte, c'est un scoop assez fabuleux pour organiser un festin !





Mathilde


les mercredis en 118 à 18h

Un oeil sur le monde stylo en main...



ANOTER

Rencontre postmoderne


Dans quelque futur proche, je le sens...

Bien sûr, je vous ai vue arriver. De loin. Bien sûr, j'ai hésité à croiser votre regard. A quoi bon ? Aurai-je dû ? Sans doute. Bien sûr, j'ai relevé, dans votre oeil inquisiteur, ce léger doute. Et si ? Mais vous demandiez-vous si j'étais bien celui que votre souvenir avait étonnement convoqué ou, certaine de cela, hésitiez-vous, culpabilisante, à vous arrêter ?
Vous alliez sans doute reprendre votre route, après un talon légèrement suspendu, et évoquer, quand vous vous en seriez remise, assez vite du reste, auprès de vos collègues ou copines, incrédules, cette rencontre inopportune. Si, si, je vous jure, je l'ai vu comme je vous vois. Assis. Par terre. Incroyable, n'est-ce pas ? Il était si brillant !
- Vous allez bien ? vous ai-je demandé, l'air de rien.
Ma voix a dû dissiper vos derniers doutes. Vous avez semblé manquer d'oxygène.
Je répondis à votre place.
- Mieux que moi, en tout cas.
Puis vous avez continué votre chemin. Bien sûr. Votre train attendait.
Le passant suivant a jeté 50 centimes dans ma tasse ébréchée.

Tableau :
Bartolommeo Esteban Murillo
Le Jeune Mendiant
Huile sur toile - 134 x 110 cm
Paris, Musée du Louvre


Séb.

Visite

Visage

En habits de deuil, tête coupée, l'hiver frappe à ma porte. Timidement, sourdemment.
Ne veut pas déranger. Trop habituée à être mal reçue. Mais doit faire son taf. Je comprends. Entre.
Elle s'assied. Pose ses mains moisies sur la table. Un cafard court sous le lit. Rien de neuf, dit-elle, en portant un café, froid à ses lèvres. Toujours pas le jour. Oh, que je fais, triste. Mais un jour, ajoute-t-elle, silencieuse. Bon. Mais l'été te salue, tu sais. Elle t'apprécie. Ah.
Elle ne peut pas rester, a des visites par million en attente. Des personnes à soulager, d'autres à surprendre. C'est comme ça. Je sais.
Ma vieille amie me quitte, ses guenilles pendantes et ses épaules balançant de chaque côté d'une tête absente. Encore et toujours. Pour le moment.

Séb.

accrostiche alphabétique de Séb

A ce qu'il parait
Béni soit ce jour du reste
Célimène a enfin
Décidé
Et Dieu sait que ce
Fut long et po
Gagné d'avance
Histoire quand même de ne pas toute sa vie passer pour une
Idiote
Je ne vous ai pas encore expliqué
Kalmemen j'y pense ce qu'
L a décidé
Mais c'est vous aussi vous me pressez
Non ? Ah bon.
On recommence donc
Pensez donc
Que
Reste
Si vous tenez à le savoir à dévoiler cette
Terrible décision :
Un gars n'arrêtait pas de la bâcher
Vous voyez de qui je parle !
Wéééééééé... c'est lui
Xcellent !
Y allait po par 4 chemin, donc Célimène lui a dit :
"Z cidé de changer de prénom !"

Séb.

Poursuite de l'impro (trop bien!)

Voyage au bout de la truie




Thème : Persévérance sur le thème des sketches d’impro auditive (29/11/06)

Une chouette perdue décrit des cercles dans l’azur déserté par les nuages, comme un vautour au-dessus d’un charnier. Mais en dessous, il n’y a rien qu’une bande d’individus très hétéroclites, tous aussi paumés. Une petite fille à couettes vêtue d’une robe rouge à pois blancs et un homme d’âge mûr coincé dans un étroit costard propre et sans un pli tirent à la force des bras un vieux wagon de transport de marchandises sur des rails qui s’enfoncent dans le sable sous le poids de l’engin. Ces rails, ce sont eux qui les mettent en place au fur et à mesure, en allant chercher derrière l’unique voiture les barres de fer à mettre devant, avant de tirer leur fardeau sur quelques mètres, puis de recommencer. Derrière eux, l’éphémère voie de chemins de fer a laissé un sillon entre les dunes, que le vent chargé d’un sable conquérant se charge d’effacer. Ils ont perdu leur route depuis longtemps, et avancent désormais sans but.
« Perfidel…
– …
– Perfidel !
– Quoi ? Quoi, quoi, quoi encore ?? Tu as faim, tu as soif, tu as envie de pipi, tu veux jouer… ? Hein, qu’est-ce qu’il y a qui ne tourne pas rond dans ta petite tête, cette fois ?
– Ben… risqua la petite d’une voix à peine audible. On sait même pas où on va. »
Perfidel affaissa les épaules, ne répondit rien et alla chercher à nouveau un rail en queue de convoi. L’autre reprit :
« On n’a plus de bonbons… Et puis, je suis fatiguée.
– Je sais, Violaine… Moi aussi. »
Perfidel prit Violaine dans ses bras, d’un geste réconfortant probablement destiné à initier une scène un rien larmoyante, laquelle ne put malheureusement pas être menée à bien car ils furent interrompus dans leur touchante démonstration d’affection par une voix importune venant de l’intérieur du wagon :
« Et moi, j’ai mal aux pattes ! »
Excédé, Perfidel ouvrit une porte coulissante sur le flanc de la carcasse rouillée non sans lui arracher une plainte grinçante à fendre l’âme, et jeta à l’intérieur — déjà bien sombre — un regard noir. Il y avait là une table basse dont les pieds branlants supportaient difficilement le poids d’un gros ordinateur obsolète dont l’écran était fendu. La table basse semblait furibonde :
« Mon vieux, c’est toi qui nous a traînés dans cette galère, et tu vas nous en sortir fissa, crois-moi !
– Sinon quoi ? »
L’ordinateur en panne choisit ce moment pour apporter sa contribution d’une voix convaincante :
« J’ai le mal de mer…
– On est dans le désert, Ambroise, comment tu peux avoir le mal de mer ?
– Ben… Je sais pas, Asperge… Mais, tout ce que je sais… c’est que, j’ai le… »
Ambroise ne put finir sa phrase, ou du moins l’acheva sous la forme d’un flot de 1 et de 0 jaillissant de son port disquette pour se répandre sur le sol de tôle.
« Eeeeeet voilà l’travail ! Regardez-moi ça, nan mais regardez, vous verrez pas ça deux fois dans votre vie, une bécane pour sexagénaire souffrant du mal des transports, et il fait ça bien, hein ! Admirez-moi c’te galette binaire ! Du jamais vu ! Une merveille de programmation nauséab… »
La harangue d’Asperge fut soudainement interrompue par un beuglement barbare continu venant du Nord. Les trois individus tendirent l’oreille jusqu’au choc final, quand le nouveau venu se cogna le front contre la tôle du wagon défraîchi dans un gong sonore qui fit office de conclusion au cri de guerre inarticulé.
Perfidel portant Asperge portant Ambroise, suivi de près par Violaine, fit le tour de la grosse boîte à roulettes pour constater que l’inconnu était un être fort trapu, vêtu d’une armure complète et d’un casque masquant mal les tresses dans sa barbe et ses cheveux gras. Lorsque l’inconnu reprit ses esprits, remit les trous de son casque en face de ses yeux et ses yeux en face des trous, il constata qu’il n’était plus seul. Sautant sur ses pieds, se saisissant de son glaive, il se mit en position d’attaque et poussa un « Ha ! » pour le moins agressif. Pendant quelques secondes, personne ne bougea. Echanges de regards acerbes, évaluation de la force et de la rapidité de l’autre… Le vent sifflant dans les oreilles. Ambroise serrant son clapet à disquette pour retenir un nouveau flot de codes à moitié digérés.
« T’as des bonbons ?
– Je me nomme Perfidel, se précipita le grand bonhomme en costard pour établir un contact moins abrupt ; et voici Violaine, Asperge et Ambroise. Nous allons dans le désert pour manger des bonbons et construire des chemins de fer.
– Enchanté, fit le petit bonhomme en armure en remettant son glaive au fourreau sans plus de formalités. Moi c’est Aristide, le dernier des trolls alsaciens. Je cherche mon régiment, mais j’ai peur qu’il ne se soit fait écraser par les elfes sylvestres durant la bataille d’Austerlitz. C’est pourquoi je me présente toujours, dans le doute, mais espérant me tromper, comme le dernier des trolls alsaciens. Vous auriez pas une bonne bouteille de schnaps dans votre carriole ? Du Gewurtz, peut-être ?
– Faut voir. T’as des bonbons ?
– Euh… Vous acceptez les règlements en Pimousse ?
– Gewurtzraminer, c’est bien ça ? »
Violaine s’engouffra dans le ventre du wagon et en revint avec sous le bras une lourde caisse en bois. Comme par magie, l’ambiance se détendit aussitôt : le crépuscule allongeant déjà les ombres des dunes alentour, ils décidèrent de faire escale sur place, et montèrent le camp autour d’un bon feu sorti d’on ne sait où. La soirée se poursuivit jusque fort tard dans la nuit autour de Gewurtz descendu à la louche, de Pimousse enfilés à la chaîne, de chansons paillardes entonnées avec conviction… Mais bientôt, l’énergie quitta les fêtards, et ils s’endormirent quiètement, apaisés, savourant la chaleur du feu contre le froid mordant des nuits désertiques. Le ton des conversations se fit plus bas, plus doux… Les réponses s’espacèrent, puis le silence se fit.
Un silence de bien courte durée, qui fut bientôt interrompue par une petite voix plaintive et tremblotante :
« Aidez-moi ! »
Perfidel, qui ne dormait pas encore, tendit l’oreille :
« Hein ?
– Aidez-moi, j’ai froid ! J’en peux puuuuuu !
– Enfer et damnation, grogna Aristide en se redressant subitement ; quel est ce sortilège ? »
Le troll se saisit de son glaive et scruta la nuit alentour, tentant de repérer d’où venait la petite voix.
« Je suis là ! Là-dedans ! Sortez-moi de là je vous en priiiiiie ! »
Cela venait d’Ambroise, qui ronflait doucement sur Asperge.
« Ambroise, que t’arrive-t-il ? s’inquiéta Perfidel.
– Hein ? Hum, hum quoi ? fit l’intéressé en émergeant de son lourd sommeil qu’il partageait avec Asperge.
– C’est quoi ce raffut ?! Z’en avez pas marre de troubler le sommeil des honnêtes gens ? Le sommeil, c’est sacré à mon âge ! Asperge tenta de se retourner et de se cacher la tête sous l’oreiller, avant de se rappeler qu’elle était une table basse perdue dans le désert. Elle se résigna à se pencher sur le problème des trublions, et ouvrit un œil fictif : qu’est-ce qui se passe, à la fin ?
– Il semblerait que votre camarade soit un rien frileux, et tienne à nous en faire profiter ! expliqua Aristide d’un ton exprimant tout le bien qu’il pensait du susdit camarade et des ses exactions nocturnes.
– Mais, mais j’ai rien fait moi ! se plaignit timidement Ambroise.
– Boulets ! C’est moi, qui vous parle ! Je suis dans l’ordinateur ! Je suis un trèfle, et j’ai eu le malheur de trouver votre copain alors que je n’étais qu’une graine portée par les vents. Je me suis dit qu’il ferait bon chaud entre les fils d’un ordinateur, mais il semble que celui-là soit un rien souffreteux, sa température interne est bien loin en dessous de la normale, et moi j’ai frooooooiiiid ! Sortez-moi de là et plantez-moi quelque part au soleil, je vous en prie !
– Hep, le trèfle ! apostropha Aristide en direction d’Ambroise. T’as combien de feuilles ?
– Quatre ! Quatre seulement, malheureusement… Si j’étais plus fourni, ça pourrait au moins me tenir chaud, comme une moumoute… A ce propos, vous connaissez des marguerites (personnellement, je veux dire) ? Ca doit être confortable, comme position au niveau thermique…
– Monsieur le trèfle, l’interrompit Perfidel, avez-vous un nom ?
– Pour sûr : Auguste, pour vous servir. Vous allez me tirer de cette chambre froide, maintenant oui ?
– Ca se marchande, moi j’dis : t’as des bonbons ? »
Perfidel et Aristide conjuguèrent leur force et leur adresse pour trouver un rouleau de scotch, en couper un morceau, l’emmêler, en couper un second puis bâillonner Violaine, qu’ils reléguèrent à l’écart du groupe, sous perfusion de Pimousse pour qu’elle reste relativement calme. Aristide revint se caller face à Ambroise (ce dernier n’avait pas décroché un mot depuis ce temps, ne sachant que dire même s’il était plutôt concerné par un trèfle clandestin s’introduisant dans ses entrailles dans l’espoir d’y répandre sa verdure), les bras croisés, et posa ses conditions :
– Trèfle, j’accepte de désosser ta froide prison…
– Euh… C’est obligé ? risqua Ambroise.
– …t’en sortir, et te fournir la terre, l’eau et le soleil, si pour ta part tu acceptes de devenir mon compagnon de route, pour me donner un peu de ta chance et me permettre de retrouver mon régiment, s’il existe encore.
– Ca marche ! Topons-là mon p’tit ! Euh… pour ça il faudra que tu commences par me sortir de cette grosse boîte.
– Disqueuse ? Scie ? Hache ? Grenade ?
– Euh, euh… Moi, moi je dis que c’est p’t-être pas une bonne idée… Enfin, moi je dis ça… J’dis rien… »
Le débat sur la meilleure façon de mettre fin aux jours d’Ambroise pour en tirer Auguste fut interrompu par une exclamation de Violaine, toujours bâillonnée :
« Hmpff eukch brrn neusskrm !
– Les tranquillisants ne font pas effet, constata Perfidel d’un ton docte. Augmentons la dose.
– Regardez, là-haut dans le ciel ! intima Ambroise après avoir tourné sa webcam vers la voûte céleste émaillée de milliers d’étoiles, ayant peut-être compris les baragouinements de Violaine. Qu’est-ce que c’est ? »
Chacun y alla de sa suggstion :
« Une soucoupe volante ?
– Un oiseau ?
– Un avion ?
– Un train aérien ?
– Un ange ?
– Une knack fugueuse ?
– Un grand et beau bureau en bois exotique tombé d’une station spatiale ?
– Rheu chneuff meu gnek ?
– Une chouette portant entre ses griffes une femme à plume enceinte ? »
Tous se tournèrent vers l’unité centrale d’Ambroise, incrédules.
« Ben quoi ? s’étonna Auguste. Ça se sent, ces choses-là… »
Effectivement, quelques secondes plus tard on put entendre une voix venant de la forme mal identifiable au-dessus d’eux :
« Non… Non, plus à droite… Avance. A droite, je te dis, tu vas finir par leur rentrer dedans ! »
Enfin, la « forme » se posa juste devant eux, et ils purent voir qu’il s’agissait effectivement d’une femme de grande taille, vêtue d’un habit traditionnel amérindien constitué de longues plumes de toutes les couleurs arrangées en motifs complexes. La taille de son ventre ne laissait pas de doute sur le fait qu’elle était en fin de grossesse ; il n’était d’ailleurs pas très prudent de voyager par voie aérienne dans ce genre de moments… C’était une chouette qui avait amené la femme jusque là. Une chouette qui portait la femme entre ses griffes, au niveau des aisselles. Ayant déposé son fardeau, l’oiseau épuisé alla se percher sur l’écran d’Ambroise pour récupérer.
« Eh bien… Quel voyage, mes amis quel voyage ! »
Chose particulièrement étonnante, sa voix, en plus d’être celle d’un vieillard à l’article de la mort, venait non pas de sa bouche mais de son ventre. De même, ses lèvres restaient closes et son regard était vide de toute expression.
« Bon… Je crois que tout le monde est là. Tu peux sortir, Dipsy. »
Un marmonnement parvint de sous la robe de plume de l’étrange femme, qui lui répondit de la même voix chevrotante :
« Ah… C’est vrai, tu ne peux pas sortir tout seul (la voix rit faiblement, comme si cette pauvre démonstration de joie lui arrachait un effort considérable) Attends un instant… Il faut que je parvienne à bouger ce bras… Je devrais m’entraîner plus souvent. »
Dans un mouvement raide et très mécanique, la femme leva son bras gauche, le glissa dans un interstice de la robe, et en tira une petite trousse jaune ouverte, où se trouvait un petit papier plié en quatre. Elle tendit la trousse sous les regards des voyageurs, et dit :
« Je me nomme Sagesse Ancienne. Je suis un fœtus, le rejeton que cette femme dans laquelle je vis n’a jamais pu mettre au monde. Loin d’être prête à couper le cordon ombilical, elle s’affolait à la simple idée d’être séparée de moi, de se séparer de ce qu’elle considérait comme une partie intégrante de son corps. Elle a refusé l’accouchement et m’a gardé en elle. Elle a vieilli en me gardant en elle, mon père biologique l’a quittée et il est mort, puis elle-même est morte. Son âme a quitté son corps, et j’en suis désormais le seul résident. Je maintiens en vie, par la seule force de ma pensée, une chair qui aurait du depuis longtemps dépérir : voilà soixante-dix-huit ans que je fus conçu, et trente-deux que ma mère est morte. Considéré comme un monstre par mes semblables, je suis contraint de vivre au large de toute société policée. Au cours de mes voyages sans but, j’ai rencontré un petit être fort intrigant nommé Dipsy…
– Dipsy c’est moi, fit le petit bout de papier dans la trousse d’une voix légèrement couinante. J’suis un bout d’papier…
– Dipsy est le dernier bout de papier resté au fond de la trousse après que nous ayons tous tiré les nôtres, qui ont définit ce que nous sommes aujourd’hui. Mais je vais le laisser vous expliquer de quoi il retourne, il saura mieux y faire que moi.
– En fait, commença Dipsy, il y a eu une fausse donne lors de la pioche des bouts de papier. Les choses n’auraient pas dû se dérouler ainsi : il faut tout reprendre à zéro, remettre nos petits bouts de papier dans la trousse et recommencer le jeu. Cette fois-ci, il faudra faire en sorte que ça ne tombe pas dans le grand n’importe quoi comme ce qui vient de se faire. Pour la publicité de cet atelier, il faut qu’on ait l’air de gens sérieux, pas d’ivrognes assoiffés de Pimousse et de chemins de fer. »
Des regards coupables s’échangèrent dans l’assistance.
« Heuff ergneu gmn’d !
– Maintenant, reprit Sagesse Ancienne, nous allons tous remettre nos petits papiers dans la trousse avec Dipsy, et reprendre le jeu depuis le début. Vous êtes prêts… ? »

Quelques seconde plus tard, les dunes, le wagon, le ciel étoilé du désert et les neuf personnages avaient disparu, laissant la place à une salle de classe à l’étage d’un vieux bâtiment maussade. Dans un coin de la pièce, un cercle de quelques étudiants semblant un peu perdus est attroupé autour d’un dictaphone qui tourne dans le vide. Echange de regards. Puis ils éclatèrent de rire.


Emilien

mercredi 20 décembre 2006

séance du 20 décembre 2006

Salut !

Aujourd'hui, nous avons croulé sous les univers, tous plus différents les uns que les autres !
Nous avons commencé par la lecture d'un texte d'Emilien, inspiré de la semaine dernière (lire les articles précédents) qui nous a faits voyager dans le désert en compagnie d'un ordi, d'un trèfle, d'un troll... Très riche ! On l'espère bientôt en ligne.
Suivi par un texte de Mylène qui a raconté l'histoire d'amour entre une feuille et un troll. Je l'invite d'ailleurs à l'envoyer par mail.

On a poursuivi avec un jeu dont nous ne connaissions pas le nom. Quelqu'un sait comment on appelle un accrostiche dont la phrase est l'alphabet (A, B, C, D...) ? Patou a évoqué un nounours, moi Célimène (la chanson), Guillaume la difficulté de l'exercice et s'est demandé si nous n'allions pas un jour devoir faire parler un pneu crevé (idée à creuser!), Mat est parti dans une direction, c'est certain, mais je ne sais plus laquelle, là, sur le coup... Heu, tu enverras un mail aussi, hein grand ! Emilien s'est arrêté au P, après avoir le plus caractérisé ses personnages. Mylène a évoqué également une histoire d'amour (je crois).

Vinrent ensuite les devoirs de vacances ! Qui, au départ, n'étaient pas conçus comme tels ! On est en effet parti du sujet : "Regardez une feuille blanche et écrivez sur le premier fantôme qui passe." pour arriver à écrire chacun l'un de nos fantômes perso, plus ou moins précis, en quelques lignes et à le faire tirer au sort par un autre. Charge à lui pendant les vacances de se l'approprier et d'écrire !

Et... nous avons essayer d'imaginer, déjà!, le lieu où nous pourrions passer un WE littéraire à la fin de l'année. Sans grande réussite pour le moment, faute de temps, mais on y croit !
Si quelqu'un à une proposition...
En attendant, bonnes fêtes aux quelques visiteurs de ce blog.
Sébastien.

lundi 18 décembre 2006

un peu de joie en ce bas monde

Bon, c'est bientôt Noël, il y en a sans doute beaucoup qui dépriment (soit que c'est leur compte qui fait la gueule, soit que voilà, c'est Noël, woupi tralala tsouintsouin ils n'aiment pas), et en plus ça caille pas mal, donc pour ceux-là (dont je fais partie !) et les autres, joyeux, bandes de veinards, vlà un ptit texte histoire de se dire que la vie est belle (quand même).


J'étais ce matin dans le brouillard. La pluie tombait, jamais originale cette conne de pluie, toujours de haut en bas. Tout m'ennuyait. Je me disais : "Oh tiens, tu vas encore assister à un de ces cours qui mènent tout droit à l'ANPE, voire sous un pont, woupi, quelle chance, allez, souris à la vie, abruti !"
Bref, la routine.

Je marchais, les mains dans les poches et l'esprit dans la tombe.
Des ouvriers entretenaient la route. J'en salue un, pris au hasard, d'un hochement de menton de sous ma capuche.Gratuitement, comme ça, histoire d'avoir quelque chose à faire dans les 5 secondes à venir sous peine de retourner me coucher.

A ma grande surprise, il pose sa pelle contre un mur, s'essuie fissa les mains sur ses poches arrières et vient vers moi tout sourire. Je m'arrête, j'allais dire "je me fige", mais non, n'exagérons pas, ce n'est tout de même pas Dieu le Père qui quitte son bureau d'études et prend un peu de son temps pour ma gueule, non, juste un gars qui doit s'emmerder, voilà tout.
Eh bien non, il me fait signe de le suivre, un peu à l'écart, l'air gêné. Ses potes, ou collègues, ne soyons pas optimistes, le regardent, suspicieux. Non, il n'a pas envie d'une gâterie, sans doute trop tôt dans la journée, doivent-ils se dire.
Je l'interroge d'une nouvelle hoquetade et d'une poche de son jean's pleine de souillures diverses et variées, il sort une feuille de papier toute froisée.
Puis, dans un français approximatif, il m'explique qu'il imagine que je suis étudiant, avec ma sacoche, je confirme, et il me demande de lui corriger une lettre. D'amour.
Il la connaît depuis plusieurs mois, c'est une amie proche, et il veut la demander en mariage. Son style est celui d'un enfant amoureux dans la cour d'école. Cancre, précisons. Après quelques coups de bic, il devient celui d'un lycéein timide. Cela ne lui convient pas. Je lâche les chevaux, d'ouvrier il devient héroïque, magnifique, fougueux, prêt à la kidnapper telle une Sabine au travers de collines ennemies et à sortir de son fourreau une lame où coule encore le sang de ses rivaux. Juste pour faire son bonheur si, par le plus grand des hasards, il advenait qu'elle fût déjà promise à un triste sbire.
- Non, non ! C'est trop, s'écrie-t-il en riant tandis que j'agrémente ma lecture de grands gestes.
- Bon.
Je redeviens académique, c'est-à-dire banal mais efficace. Il est heureux et me file 5 euros. J'aurais espérer mieux pour prix de son bonheur. Mais bon.

Voilà une recette pour échapper aux cours : faites le bonheur des autres. Je sais, c'est con, mais c'est une morale qui "fait très Noël", non ?
Allez bonnes fêtes et pis hop on sourit, la vie est pourrie mais belle, à ce qu'il parait (si vous en avez la preuve formelle, je vous écoute).

Séb.


poème de Guillaume

Mon nom est mélancolie


Les astres obscurs scellés sous la voûte céleste scintillent lorsque j’envisage nos
retrouvailles. Mais notre entrevue tarde et improbité et désespoir me rongent.

Devrais-je me morfondre à perpétuité ? Aucun écho ne me parvient et mes
tourments ne cessent. La grâce t’a touchée et désormais te voilà farouche et
détournée de mon lendemain. Tu as fais de moi un papillon noir dont les ailes
restent désespérément ployées. Nos affinités, nos amitiés me manquent…

Mes doigts râpés s’aventurent sur le vieux piano isolé et, par la force de ton
souvenir, une bouleversante mélodie émerge du vétuste caisson de bois. Une larme timide sillonne lentement mes pommettes opalines et vient mourir sur mes lèvres. Mon nom est mélancolie. Le tien est convoitise. Les saisons passent, pas ma tristesse. Un spectre rôde dans ma mémoire, est-ce toi, est-ce moi ? Non. C’est l’aliénation qui me guette et chante le refrain du chagrin pour m’attirer dans son cachot dont seul toi possède la clef.

L’absinthe est devenue acolyte. Des marbrures sont ancrées sous mes paupières et mon teint est safran. Je me consume. Les cicatrices de mon cœur n’en finissent de s’élargir. Je songe plus que jamais à ma fin. Je ne suis qu’un funambule qui

trébuche sur le fil de la vie et s’écrase sur la terre des affres. Le curare que je viens
d’absorber ruisselle dans mes veines. Ma vision s’assombrit et je ne pense plus.

Ton visage s’évanouit peu à peu dans l’immensité nocturne.

Je n’ai vécu que pour toi. Adieu.


GUILLAUME

Création de Matthieu suite à la séance impro

Fœtus mort depuis 80 ans
trèfle à quatre feuilles
le bout de papier survivant
chouette

Lutte Interne


Un monde désert balayé par le vent, une salle obscure seulement éclairée par une faible lueur souterraine surplombée d’un trèfle à quatre feuille solitaire. Un arbre dans un coin, demeure d’une chouette qui observe la scène. Un papier survivant vole dans ce monde…

Fœtus (sur l’air d’Emilie Simon) :

- Je suis enterrée vivante, contente de moi aha ! Je suis enterrée vivante !


Le Trèfle (A l’entente de cette petite voix sous ses racines, le trèfle à quatre feuilles frémit de stupeur) :

  • Brrrr qui es-tu toi qui vis sous mes pieds gelés ?


Fœtus (sur le même air) :

  • Je suis enterrée vivante, contente de moi aha !


Le Trèfle :

  • Mmmm le froid me fait délirer… Et ce vent, ce vent, ce vent…

Pendant ce temps, la voix souterraine chantonne infiniment…

  • J’aurai dû acheter un chapeau au marché… Oh ! mais que vois-je ? Que m’apportes-tu, oh vent ?


Une voix lointaine hurle qui est le bout de papier survivant :

  • Waouuuuw ! Iha ! Waouuuuuuw… Je suis libre, libre !


Fœtus (sur le même air) :

  • Je suis enterrée vivante, contente de moi aha !


Le Trèfle (stupéfait, au vent) :

  • Oh grand vent toi qui es si libre, ne pourrais-tu pas arrêter de me les briser, on se les gèle…


Le Papier (étonné) :

  • Quuuuuoiiii ?


Le Trèfle (las) :

  • Ferme-la, il fait trop froid !


Le Papier (outré) :

  • Mais de quoi parle-tu enfin ?


Le Trèfle (dans un dernier élan de colère) :

  • De la porte ! De la porte… de la… (le trèfle trépasse)


Fœtus (sur le même air) :

  • Je suis enterrée vivante, contente de moi aha !

Le bout de papier survivant, heureux d’être libre, se pose sur le trèfle gelé.


Voix Off (dubitatif) :

  • Quiproquo quand tu nous tiens…


Le fœtus (s’arrêtant de chanter, s’écrie) :

  • J’ai entendu une voix nouvelle ! C’est lui, notre créateur ! Lui là haut qui délire !


Le Papier (brusque) :

  • Faudrait penser à sortir de ta sauce stagnante, vieux fœtus !


Le fœtus (enfantin) :

  • Ben moi j’ai pas froid… Na !


Le Papier (à lui même) :

  • 80 années à croupir dans un trou ça aide pas…


La chouette (jubile)

  • Il est libre Max ! Il est libre Max !


Le vent s’arrête net, le brouillard s’estompe…


Voix Off (grave, inexpressive au départ puis de plus en plus excitée) :

  • Ecoutez-moi bien, fruits de ma création, le trèfle a disparu, il ne me reste plus que vous à éliminer. Faudrait penser à se taire… Penser à se taire, penser à se taire, se taire, ne plus penser, haaaa, ne plus penser, oui ! j’ai réussi… ne plus penser… non… je… que… traire… le ciel… veux… que… veux… je ? traire le ciel ! Je veux traire le ciel et boire le lait divin… « Je suis enterrée vivante, contente de moi aha ! » Punaise… Temps, combien ? Je… Perds… contrôle… le… dors… dors… fille… quelicobu… buque que quoi…


Le fœtus, le papier, la chouette s’estompent peu à peu laissant place à des lettres, des mots, du vide, une vache, un ciel avec des mamelles… Puis plus rien…


MATTHIEU

mercredi 13 décembre 2006

Texte de Séb pour la séance du 13/12

Le vieillard s'assit sur une souche desséchée.

Il passa une main pleine de veines bleues sur son crâne luisant, se massa et se pencha difficilement pour se mettre derrière la cravate qu'il n'avait pas une bonne rasade de rouge.

Le temps était lourd mais ils étaient à l'ombre sur ces sentiers bordés de sapins.

Face à lui, les cinq bambins venus de loin, tous ahuris par tant de marche, laissèrent tomber leurs sacoches et de lourdes prières silencieuses. Ce n'était donc pas fini ? Non, pas encore. Après trois heures de marche sportive, le meilleur est toujours à venir. Ah, très bien.

  • Reposez-vous, les marmots, gloussa le vieux que tant de lassitude fatiguait.

Après quelques minutes de silence, il se saisit de son P.C. portable et tenta une connexion Wi-Fi. En vain. Non que la zone ne fût pas couverte, la planète entière l'était depuis longtemps déjà à cette époque lointaine, mais son ordi était simplement en panne.

Tant pis. Il le balança dans le vide. La féraille contenterait aisément le vieux fana de train du village qui rêve depuis longtemps de construire sa machine avec des trucs dont personne ne veut plus. Voilà, un recycleur, c'est ça.

Bon, pour ce groupe, il va encore falloir raconter la légende. Toujours la même. Ras-le-cul de cette foutue légende, pensait-il souvent. Mais c'était la seule du coin. Ses enseignants, vieillards séniles, n'avaient déjà rien d'autre à se mettre sous le dentier, il y a des années.

Oh, bien sûr, depuis si longtemps qu'il « tenait » cette visite de ses chemins d'enfance, il avait eu l'occasion de varier quelques péritéries, de s'échapper vers quelques contrées secrètes de son imagination, mais son supérieur, alerté par la rumeur galopante qu'étaient honteusement déversées d'autres versions que celle canonique, illustre, unique pour laquelle il le payait, avait volé un phare de Bretagne pour l'éclairer de ses reproches. Formellement interdit, avait-il dit, l'oeil rouge, en tendant le doigt vers le bourg enflammé. Sinon... Et allez-y, vous, pour retrouver du travail à 84 ans, quand vous n'avez même plus toutes vos dents.

Dans le groupe d'aujourd'hui, une gamine, venue en touriste du Rwanda, l'intriguait. Malgré le poids déjà conséquent de son sac à dos, quelques substances mystérieuses gonflait ses poches. Très vite, le vieillard comprit qu'il s'agissait de bonbons des Vosges, sans doute dérobés ce matin lors de la visite à l'atelier. Les gamins avaient semblé apprécier cette main d'oeuvre bon marché qui faisait leur bonheur dans les écoles de chez eux. Les produits vosgiens s'exportaient en effet très bien, en ces temps-là. Honteuse, quand il la questionna, la gamine dut avouer, dans un anglais parfait qu'il eut du mal à déchiffrer, que c'était là son plus grand vice. Voler des bonbons (des Vosges, de préférence). Et ne pas forcément les manger, du reste, non, mais les entasser à en faire craquer ses coutures. Juste le plaisir de les voler.

Bon, avait-il dit, ici, dans ce pays, il y a si peu de travail et tellement de dommages occasionnés par la guerre civile que si l'on vole à manger, c'est pour manger, tout bêtement. Mais oui, pourquoi pas. Son détachement la surprit. On doit s'habituer à tout, se dit-elle, même au malheur. Son pays, Dieu merci, était à l'abri du besoin. Il fallait répondre quelque chose. Voici ce qu'elle trouva :

  • La situation ici préoccupe beaucoup le gouvernement de mon pays prétendit-elle, mais vous êtes si loin et si peu civilisés, aux yeux de mes compatriotes, qu'on se demande si le jeu en vaut la chandelle. Non, c'est vrai : vous ne faites pas l'effort de nous rattraper. Du coup, on vient en touriste, conclut-elle du haut de ses huit ans.

Ça coupa le souffle au vieux. Mais, bien obligé, il raconta tout de même l'histoire du dernier des trolls alsaciens, devant une assistance qui s'en foutait, du reste, royalement. On préférait parier à messes basses sur la provenance exacte des coups de feu, si près, si loin, là-bas, dans la vallée.

Inutile de reprendre ses propos, tout le monde les connait.


Sébastien.

Séance impro !

Aujourd'hui 13 déc. 06, nous avons essayé un jeu d'impro destiné à libérer notre imagination et à créer en groupe.

Principe : chacun tirait au sort un papier sur lequel avait été écrit un personnage (vivant ou non - une fille de 22 ans aux yeux bleux ou un paquet de cigarettes vide - réel ou non - une table, un troll).
Après avoir tiré au sort, on jouait ce personnage en interaction avec les autres sans dévoiler son identité.
But éventuel : que les autres déduisent cette identité.

Evidemment, on part dans tous les sens, toutes les directions et en improvisant oralement, finalement, ça ressemble à une forme d'écriture automatique.
On s'est enregistré et un de nos résultats sera bientôt mis en ligne.

Ensuite, nous avons écrit pendant une demi-heure : soit la suite de ce que la parole avait produit, soit une histoire à partir des éléments de base tirés au sort et que voici :

a) une table basse qui ne sert à rien, un ordi en panne, une gamine qui vole des bonbons, un fana de train, le dernier des trolls alsaciens.

b) un bébé de 78 ans, un trèfle à 4 feuilles, le bout de papier survivant dans la trousse, une chouette.

Voilà, si vous voulez jouer, écrivez-nous sur anoter54@yahoo.fr
Séb.

mardi 12 décembre 2006

Suite aux commentaires sur le poème "Marseille".

Salut,

Ce qui aurait été intéressant, ça aurait été de dire pourquoi c'est mauvais, A. Nonyme. Le style, des facilités, pas de musique ? Je ne sais pas, aide-moi...
Quant au sujet, Marseille est la ville de mon coeur est j'y sens véritablement une âme ; là-bas, ils appellent ça une "identité". Si Nancy avait le dizième de cette âme, je n'aurais pas eu besoin d'écrire un poème sur une ville où je suis resté à tout casser une semaine.

En ce qui concerne le sens, j'ai essayé de verser dans une sensualité menant à l'érotisme. Les symboles sont assez nombreux, avec pour base le souvenir.
Faire l'amour à une ville, intéressant non ?
Laquelle inspirerait les visiteurs de ce blog ?
A vous.
Séb.

lundi 11 décembre 2006

Marseille a son poème !

Un petit poème inspiré par la cité
phocéenne, musicale, multiculturelle,
passionnée, ouverte sur le monde,
en un mot éternelle...

Marseille

La calanque furtive en éclats adagios
Souffle sur ses secrets des vagues rougeoyantes
Volées au large bleu de Marseille envoûtante
Et pousse à tout jamais des soupirs pour piano

Puis le sable enroulé au mât de mes regards
Verse sous les bateaux inlassablement nus
Les regrets flamboyants de mes trésors perdus
Quand les voiles au port s’endorment chaque soir

Puis les toits des maisons s’enfumant de refrains
Semblent jouer aux dés quand au cœur de la nuit
Depuis la Castellane on voit rugir la pluie
En cube orchestrés par le chant des marins

O Marseille adorée ville autant qu’océan
Enflammant le ballon de tes sphères secrètes
De chacun assemblant la peau pour une fête
Attends-moi laisse-moi devenir ton amant

Sébastien BONMARCHAND
7 avril 2003

remerciements rimbaldiens ?

Voici un poème de Guillaume :
Nous attendons vos commentaires (mêmes les âmes sensibles ont le droit de ne pas s'abstenir)!


Merci

Ta porte est toujours ouverte aux individus souffrants
De maux intérieurs parfois éprouvants,
Tu soulages par ta position commode
Et rassure à ta vue les gens à l’allure incommode.
Certes, ta vue n’est pas nette
Car tu dois porter une lunette
Et parfois un peu sourde également
Car on te dit bouchée souvent.
Payée pour tes services
Par des feuilles factices,
Tu pensais peut-être pouvoir écrire
Mais personne ne peut te lire…
Donc, ces papiers, tu en fais des boulettes
Accompagnées de présents parfois infects
Des personnes pour qui tu est complaisance
Et tu les avales et les digères, enfin je pense…
De lilas, de lavande ou de vanille tu es parfumée,
Tes fragrances accompagnent notre oeuvre raffinée
Et balayent les arômes de nos libéralités
Aidées par un torrent de fluides que tu as recraché.
Tu es si mal considérée que ton nom
Est souvent utilisé comme juron,
Et pourtant, tu nous rends bien service
Et ne mérite pas tous nos sévices…
En effet, c’est grâce à toi que l’on peut
Se sentir plus léger, se sentir mieux
Toi à qui l’on rend souvent visite les lendemains de fêtes
Pour tout ça, merci à toi… Mes toilettes.

devinette surréaliste

Un jour, il y a deux ans, nous étions dans un collège de Nancy et nous avons joué à être des Surréalistes avec les élèves.
Notamment avec le jeu : Qu'est-ce que....
en l'occurence, c'est tombé sur : qu'est-ce qu'un livre ?

Devinette : quelle a été la réponse de l'élève ?

indice : c'est jaune comme le soleil qui le détruit.

A vos propositions !
Séb.

jeudi 7 décembre 2006

le suicide, c'est pas possible, en fait

Petite réflexion poètique sur le suicide. Pas possible, en fait, à y regarder de près ! Eh oui, condamnés à vivre.
Ecrit à la BU (je précise le contexte, ceci expliquant peut-être cela)



A la branche de l’ennui


Je vais me pendre avec ma solitude

Accrochée à la branche de l’ennui ;

Pendule au-dessus de la multitude,

Je saurai les jours, je saurai les nuits.


Dans ma tête enfin mourront ces refrains,

Frelons que la vie susurre à la plume.

Et l’arbre où déjà respire demain

Dispersera ces embruns que j’enfume.


Mais soudain l’ultime angoisse jaillit :

Ce bois rongé par tant d’heures stériles

Seulement tiendra-t-il ? Ou de l’air gris

Tomberai-je enragé loin de mes îles ?


Sur ce pavé serti d’or et de doutes,

Dans ma tête un orteil pose un veto.

Les autres ébahis brisent ma route. –

Si près ! Le feuillu s’enneige de mots.


Je vais me pendre avec ma solitude

Accrochée à la branche de l’ennui,

Quand la neige aura fui jusqu’aux Bermudes. –

Mais le Printemps aura vaincu la Nuit !




5 déc. 06, BU Lettres. Pour Belette.


Sébastien.

On se présente

Il faut tout de même que l'on se présente, non ?
Style, tu nous connais pas, tu ne sais pas d'où on vient, tout ça, et hop, nous, on te balance des textes tout de suite !
Non, il faut un minimum se présenter avant d'être des intimes.

Donc, notre asso s'appelle A. N.O.T.E.R, pour Atelier Nouveau Où Tout Ecrit Respire. On est basé à la fac de lettres de Nancy.

Pendant deux ans, on s'appelait le Clé (Cercle Littéraire Etudiant), mais les étudiants de Nancy savent bien que maintenant on a tous une de ces cartes pour aller manger. Concurrence sévère qui nous a fait changer de nom.
Mais ce n'est pas mal non plus, A NOTER, non ?
Bref, pendant deux ans, on a organisé des expos, des lectures de textes dans des bars, un journal... et cette année, on travaille vraiment sur notre atelier et sur notre blog.
L'idée étant de faire se rencontrer des étudiants qui aiment écrire et de les faire échanger, afin de progresser au contact des autres.

Notre Bureau est constitué de quatre personnes :
Céline, la coordinatrice
Jean-Emmanuel, qui tient la bourse et anime des débats
Kamal, vice-président, qui gère notamment le domaine informatique et qui écrit aussi
Sébastien, président, qui anime l'atelier et qui voudrait bien être écrivain, un jour.

Cette année, plusieurs adhérents nous ont rejoints, dans le désordre, Elsa, Guillaume, Matthieu, Emilien, Anne... et tout plein encore qui vont être séduits par ce blog !


Parenthèse importante : d'où que tu sois, tu peux faire partie de notre groupe par internet. Et c'est même pas obligé d'être étudiant.



les deux premières séances

Voici ce qui s'est passé lors des deux premières séances :
La première a été consacrée à repondre à cette question : "Que faites-vous quand vous ne faites rien ?" Vaste question !
On est parti vers plusieurs pistes :
- je dors
- je pense
- j'observe les autres
- mes doigts jouent la cadence
- une nouvelle faisant le bilan d'une vie passée à ne rien faire
- des chansons avec des jeux de mots
- ect...

La deuxième, qui avait lieu hier, a été l'occasion d'un logorallye avec les mots suivants : Cheveux-Dieu-Chansons-Libellule-Vent-Jalousie-Flammes

Ce fut très difficile ! Mais quelques textes ont vu le jour :
- le récit d'un amour érotomane qui conduit au crime (palpitant !)
- trois poèmes, mais a priori c'est super dur, ce jeu, dans un poème.
- un délire verbal avec des libellules, des grenouilles, palpitant aussi !
- un texte de prose poétique entre les forces du Bien et celles du Mal.

Une bonne partie de ces textes sera mise en ligne très prochainement.
Séb.

mardi 5 décembre 2006

le mot du président

Bonjour à tous, curieux ou perdus cybernétiques,

Juste un petit mot pour dire que l'usage d'internet, pour notre jeune asso qui a tout juste 2 ans, est une grande première et que nous espérons être lu partout !!!

un poème pour commencer :

Bretelle


Ecrit en cours…


C’est comme un arc-en-ciel dérobant
Aux oiseaux leurs voix multicolores
Dévoilant aux hommes un espace
Nouveau où vivre en conquistadors


Sur cette plage blanche où gambadent
Tous mes yeux en parfums clandestins
Tels des navires quittant leur rade
Je bois ce tissu comme un calice


Ce tissu noir à peine volé
Du soutien-gorge de l’inconnue
Là devant moi lointaine anonyme
Déjà fuit par l’épaule et les rues


29 nov. 2006

Sébastien.