Bon, c'est bientôt Noël, il y en a sans doute beaucoup qui dépriment (soit que c'est leur compte qui fait la gueule, soit que voilà, c'est Noël, woupi tralala tsouintsouin ils n'aiment pas), et en plus ça caille pas mal, donc pour ceux-là (dont je fais partie !) et les autres, joyeux, bandes de veinards, vlà un ptit texte histoire de se dire que la vie est belle (quand même).
J'étais ce matin dans le brouillard. La pluie tombait, jamais originale cette conne de pluie, toujours de haut en bas. Tout m'ennuyait. Je me disais : "Oh tiens, tu vas encore assister à un de ces cours qui mènent tout droit à l'ANPE, voire sous un pont, woupi, quelle chance, allez, souris à la vie, abruti !"
Bref, la routine.
Je marchais, les mains dans les poches et l'esprit dans la tombe.
Des ouvriers entretenaient la route. J'en salue un, pris au hasard, d'un hochement de menton de sous ma capuche.Gratuitement, comme ça, histoire d'avoir quelque chose à faire dans les 5 secondes à venir sous peine de retourner me coucher.
A ma grande surprise, il pose sa pelle contre un mur, s'essuie fissa les mains sur ses poches arrières et vient vers moi tout sourire. Je m'arrête, j'allais dire "je me fige", mais non, n'exagérons pas, ce n'est tout de même pas Dieu le Père qui quitte son bureau d'études et prend un peu de son temps pour ma gueule, non, juste un gars qui doit s'emmerder, voilà tout.
Eh bien non, il me fait signe de le suivre, un peu à l'écart, l'air gêné. Ses potes, ou collègues, ne soyons pas optimistes, le regardent, suspicieux. Non, il n'a pas envie d'une gâterie, sans doute trop tôt dans la journée, doivent-ils se dire.
Je l'interroge d'une nouvelle hoquetade et d'une poche de son jean's pleine de souillures diverses et variées, il sort une feuille de papier toute froisée.
Puis, dans un français approximatif, il m'explique qu'il imagine que je suis étudiant, avec ma sacoche, je confirme, et il me demande de lui corriger une lettre. D'amour.
Il la connaît depuis plusieurs mois, c'est une amie proche, et il veut la demander en mariage. Son style est celui d'un enfant amoureux dans la cour d'école. Cancre, précisons. Après quelques coups de bic, il devient celui d'un lycéein timide. Cela ne lui convient pas. Je lâche les chevaux, d'ouvrier il devient héroïque, magnifique, fougueux, prêt à la kidnapper telle une Sabine au travers de collines ennemies et à sortir de son fourreau une lame où coule encore le sang de ses rivaux. Juste pour faire son bonheur si, par le plus grand des hasards, il advenait qu'elle fût déjà promise à un triste sbire.
- Non, non ! C'est trop, s'écrie-t-il en riant tandis que j'agrémente ma lecture de grands gestes.
- Bon.
Je redeviens académique, c'est-à-dire banal mais efficace. Il est heureux et me file 5 euros. J'aurais espérer mieux pour prix de son bonheur. Mais bon.
Voilà une recette pour échapper aux cours : faites le bonheur des autres. Je sais, c'est con, mais c'est une morale qui "fait très Noël", non ?
Allez bonnes fêtes et pis hop on sourit, la vie est pourrie mais belle, à ce qu'il parait (si vous en avez la preuve formelle, je vous écoute).
Séb.
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11 commentaires:
J'ai bien aimé ta petite anecdote, c'est sympa et bien écris... seulement, ne le prend pas mal mais y'a un p'tit truc qui me gêne : pour moi, le bonheur n'a pas de prix et je trouve un peu inconvenant d'attendre de l'argent ou même de l'accepter sachant que ce gars est étranger donc sûrement en situation difficile, ouvrier donc ne gagnant pas une paye de ministre et puis c'est noël quoi... Enfin voilà, je suis peut être un peu réac mais je vois les choses comme ça et je pense même que c'est moi qui lui aurait dit merci...
Oui, certes, mais qui a dit qu'il ne s'agissait pas que d'une pure fiction ?
Ben je t'ai dis que c'était bien écris... c'est tellement bien écrit que ça paraît vrai. mais même si c'est une fiction, ca me gêne un peu quand même mais bon, les commentaires sont fais pour ca, non ?
Salut Seb et Guillaume !
Ben si le caractère du personnage ainsi créé par Séb est d'accepter une somme d'argent pour un peu de bonheur ! Après tout, l'étudiant lui a rendu un service et tout travail mérite salaire. Non ? Il aurait très bien pu lui proposer de payer en nature... ^^
Pourquoi la vie est belle parce qu'elle a créé un être parfait : la femme.
Tu as peut-être raison Matthieu mais n'empêche que même si c'est un personnage, ca me dérange un peu mais bon, on va pas en faire tout un camenbert... pour moi, le service qu'il à rendu est justement un service et non un travail, écrire, c'est que du plaisir, non ? Si corriger les lettres d'amour d'un ouvrier dans la galère est un travail, je m'engage tout de suite !!! Bref, sinon, tu as bien raison (même si c'est un peu complaisant...) à propos des femmes... comme l'exprime si bien Renaud à sa façon, y'aurais que des femmes sur terre, ce serait le bonheur...
Ben justement là il ne fait pas acte d'écrire, il le corrige plutot parce que le style de l'ouvrier est plutot naze.
Mais c'est peur être une façon de peindre la société actuelle. Ce n'est pas son texte qui ne va pas mais notre société ! Après tout on pourrait voir ce texte comme une critique peut être pas volontaire de notre temps et de la place de l'argent dans notre société.
Qu'en penses-tu ? Qu'en pensez- vous ?
(Oooo ya une fille qui parait toute malheureuse à coté de moi... c'est pas marrant ça...)
Salut,
En fait, cet ouvrier n'existe pas, donc son service, il ne me l'a jamais demandé, et si ça avait été moi, j'aurais accepté son argent, parce que effectivement lui il travaille et moi je n'en ai trouvé nulle part, du travail, et mes études m'ont seulement conduit à... y retourner.
Donc cette fiction, si vous voulez, s'inscrit dans un ensemble beaucoup plus large que j'ai commencé à écrire au sujet de mes 18 derniers mois passés à chercher, en vain, un travail correct après 5 années dans cette foutue fac de Lettres qui est une VERITABLE ECOLE A FUTURS CHOMEURS.
Voilà, et la scène d'ouverture de ce texte plus large sera bientôt mis en ligne ici : la rencontre entre l'individu que j'aurais pu devenir, sans quelques aides salvatrices, qui ne peut rien faire d'autre que la manche et l'une de ses anciennes profs.
Donc quand tu parles de critique de cette foutue société, je dis mille fois oui.
Séb.
J'en pense que si c'est une critique de la société alors y'a un truc qui colle pas dans le texte... c'est un mec qui parle de bonheur et de joie et puis après, il râle parce que l'ouvrier lui a filé que 5€... enfin, je bloque un peu sur ce texte, j'arrive pas trop à définir pourquoi... En tout cas, je l'ai fait lire à ma copine et elle a eu le même sentiment que moi donc, je suis peut-être pas aussi à côté de la plaque que je le pensais... enfin, de toute façon, ca peut durer longtemps cette discussion... s'il vous plaît internautes, vous qui lisez ce texte et qui ressentez les mêmes choses que moi, aidez-moi........
Il faut voir une critique de la société actuelle par le fait que c'est l'histoire d'un évènement typique de notre société. Accepter de l'argent pour un service. C'est une façon de peindre une réalité que personne ne veut voir !
Et perso, j'aurai même pas accepter de travailler le texte de l'ouvrier à sa place ! Je lui aurai peut être dit de faire ci ou ça mais je ne l'aurai pas écrit pour lui !
essai... mais qui sait...
Hello, j'arrive à la bourre dans le débat, mais je dois dire que je soutiens le point de vue de gama !! :D/:S Je vais pas prendre le temps de faire une analyse de toute la conversation, mais je dois dire que vous vous contredisez dans vos arguments, les gars... Allons gui, Force &Honneur !!
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