lundi 16 avril 2007

Chez Balzac, selon Séb

Il était là, abandonné et merveilleux. Ma paume glissa sur lui comme sur une amante. Sa peau tiède et rugueuse, balafrée les soirs de doute et de désespoir, les matins de solitude, les nuits de souffrance – lui au milieu de la multitude.

J’entendis presque un appel à la création. Des personnages de l’ombre, mort-nés peut-être, à peine esquissés, réclamaient une vie, un destin, des mots. Seuls au milieu de ces rainures parfois suspectes (lacèrerait-on de rage son billot quand celui-ci ne daigne nous accueilir ?), ils dormaient là, en lambris depuis des décennies, orphelins, veufs, célibataires.

Je les imaginai un instant sortant la tête hors de fleuves de café brûlant, leurs petites têtes qui ne furent que des possibilités, des chemins jamais débroussaillés.

Qui sait ? Ils devaient venir par la fenêtre de gauche, apportés par le vent et refoulés par des portes infranchissables, tentant en vain quelque invasion par un trou de souris. Puis l’attente, l’espoir. Rarement récompensés.

Depuis, faute de mieux, ils s’en remettent à nous : pauvres hères qui ne serons jamais Balzac.

Séb.

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